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Alicia Knock, la conservatrice qui fait entrer l’art africain au Centre Pompidou

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Conservatrice pour la création contemporaine, Alicia Knock oeuvre depuis 2015 à l’acquisition d’oeuvres africaines au sein des collections du musée, prônant une approche décoloniale de l’Afrique.

Elle est souvent présentée comme « la plus jeune conservatrice du Centre Pompidou ». Si Alicia Knock s’en amuse, il n’empêche : à 33 ans, cette conservatrice un brin hyperactive peut se targuer de quelques beaux succès depuis qu’elle a rejoint l’institution parisienne, il y a six ans. À commencer par la création, en 2018, du « Cercle international Afrique » des Amis du Centre Pompidou, un groupe d’une dizaine de mécènes qui a permis de doubler le nombre d’oeuvres contemporaines africaines présentes dans les collections du musée. Cent-cinquante pièces d’une cinquantaine d’artistes – parmi lesquels on retrouve plusieurs pionniers comme Ernest Mancoba, David Koloane, James Barnor ou El Anatsui – font désormais partie des 120 000 oeuvres de la collection. Le ratio est dérisoire, malgré la volonté affichée du Centre Pompidou de s’ouvrir aux modernités extra-occidentales depuis l’exposition- jalon « Les Magiciens de la terre » en 1989. Une lacune qui n’a pas échappé à la conservatrice. Car Alicia Knock est certes jeune, mais surtout le produit d’une génération sensible au courant décolonial qui a fait irruption en France. « Je ressens une urgence de montrer que les artistes du continent sont au centre d’une histoire qui n’a pas encore été racontée », explique-t-elle. En 2019, elle assurait le commissariat de la première rétrospective consacrée en France au Sud-Africain Ernest Mancoba. L’année suivante, avec l’exposition « Chine-Afrique. Crossing the world color line », elle ouvrait la perspective de nouvelles géographies, décentrant le regard sur des relations sino africaines délestées du monde occidental. Un travail de fond qui nécessite du temps – « les monographies d’artistes africains sont quasiment inexistantes » – et de nombreux voyages sur le terrain. Doucement mais sûrement, Knock inscrit dans les collections du musée une histoire de l’art panafricaine construite autour des mouvements intellectuels post-Indépendance transnationaux. « L’idée est pour moi d’inscrire l’histoire de l’art moderne et contemporain africain dans une histoire politique et artistique qui sorte du point de vue géographique et des nationalismes forcés par les décolonisations », souligne-t-elle, revendiquant ici l’héritage d’Okwui Enwezor et du critique d’art Pierre Gaudibert. La conservatrice avance avec méthode. Et le Centre Pompidou peut aujourd’hui s’enorgueillir de compter dans ses réserves les oeuvres exigeantes d’artistes africains qui, de Georges Adéagbo à Ibrahim Mahama en passant par Marcia Kure ou Cheikh Ndiaye, ouvrent une fenêtre sur l’extrême diversité des scènes artistiques d’Afrique, leur histoire et leur indéniable modernité.

Emmanuelle Outtier

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