[1-54 Paris] 5 artistes à suivre

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La foire 1-54 s’invite à Paris chez Christie’s. Cette édition pop-up inédite accueille jusqu’au 23 janvier une vingtaine de galeries internationales. Si beaucoup se réjouiront de retrouver les grandes pointures de l’art du continent – Pascale Marthine Tayou (Galleria Continua), Barthélémy Toguo (Galerie Lelong&Co) ou Sue Williamson chez Dominique Fiat – diptyk vous propose sa sélection d’outsiders à ne pas manquer. 

Cheikh Ndiaye, Cinéma Caraïbe, La Havane, 2020, huile sur toile, 180 x 180 cm. Courtesy Galerie Cécile Fakhoury.

Cheikh Ndiaye

Dans les compositions minutieuses de Cheikh Ndiaye, le protagoniste n’est pas celui que l’on croit. Ce poids lourd de la scène sénégalaise, présent dans les collections du Centre Pompidou, a fait de l’architecture son thème de prédilection. Avec un réalisme et une palette de couleurs franche que ne renierait pas un David Hockney, Ndiaye s’attache à peindre les mutations de la ville africaine : des constructions informelles aux cinémas, vestiges d’une histoire architecturale moderniste commune à l’ensemble du continent. Dans cette peinture empreinte de silence, ces bâtiments laissés à l’abandon deviennent les dépositaires d’un passé marqué par le colonialisme et les grandes utopies des indépendances.

Serge Attukwei Clottey, Cheddar, 2020, technique mixte, 122 x 152 cm. Courtesy Gallery 1957.

Serge Attukwei Clottey 

Photographie, installation, peinture, Serge Attukwei Clottey est un touche-à-tout. Une constante parcourt pourtant son oeuvre : la couleur jaune qu’il tire des “gallons”, ces bidons en plastiques omniprésents au Ghana. Clottey les métamorphose en immenses tentures ou les intègre à la trame de ses compositions picturales. Comme Romuald Hazoumé ou Barthélémy Toguo avant lui, le jerrican devient pour Clottey le symbole de la migration des matières premières de l’Europe vers l’Afrique ou vice versa tandis que les frontières restent closes pour les aspirants à l’exil.

Lulama Wolf, Ho Fetisa Nako, To Pass Time, 2020, Acrilique et sable sur toile, 90 x 120 cm. Courtesy THK Gallery.

Lulama Wolf

Lulama Wolf est à l’image de sa génération : fluide et iconoclaste. Avant de se lancer dans l’art, la plasticienne originaire du Cap donnait le “la” des dernières tendances mode et arty sud-africaines. Depuis deux ans, elle s’adonne pourtant à la peinture avec talent. Si les silhouettes découpées et leurs postures contorsionnées rappellent les Nus bleus de Matisse, l’artiste sud-africaine se revendique plutôt d’un “art vernaculaire”. Ses influences  sont précoloniales – les peintures rupestres Khoïsan – ou modernes comme Ernest Mancoba à qui elle emprunte un langage visuel entre figuration et abstraction.

Larry Amponsah, Held To The Light, 2021, Technique mixte, 76 x 56 cm. Courtesy 50 Golborne.

Larry Amponsah 

« L’artiste doit-il répondre aux attentes d’un public qui a été conditionné à expérimenter l’art au sein d’un canon soigneusement contrôlé ?”. Les collages de Larry Amponsah ont quelque chose de dérangeant. Jouant sur les variations d’échelles, l’artiste ghanéen déconstruit les visages les rendant tantôt monstrueux tantôt burlesques. Ces “gueules cassées” qui évoquent celles d’un Otto Dix ou d’un Francis Bacon interrogent non seulement la surabondance des images qui se chassent les unes les autres dans nos sociétés digitalisées mais aussi les canons esthétiques qui fondent l’histoire de l’art occidentale. 

Mo Baala, The white paper under the rain, 2020, Collages et dessins, 1 œuvre composée de 28 pièces de 15 x 20 cm. Courtesy Galerie 127.

Mo Baala

Dans la lignée des artistes-poètes comme Frédéric Bruly Bouabré, Mo Baala crée une mythologie personnelle peuplée de créatures mi-hommes mi-animaux, d’échelles chancelantes ou de bateaux chavirés. Pas de système chez cet autodidacte de Taroudant que rien ne prédestinait à devenir artiste mais une pensée fragmentaire qui laisse toute sa place à l’insolite. Une logique d’association d’idées qui rappelle à bien des égards le cut-up et l’esthétique de l’absurde de Dada.

Emmanuelle Outtier