[Expo] Anciens cultes, nouveaux dieux à l’Institut des Cultures d’Islam

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Après la Tunisie et Beyrouth, c’est au tour de l’Afrique de se livrer en images à l’Institut des Cultures d’Islam, avec une sélection concoctée par Jeanne Mercier, de la plateforme Afrique in Visu. Dans ce quartier où la mosquée de la rue Stephenson côtoie le culte du cheveu défrisé, on aurait beaucoup à raconter sur les croyances en Afrique. « Croyances : faire et défaire l’invisible » passe en revue le spectre des professions de foi multiples du continent africain. Car en ces temps troublés, que faut-il croire finalement ? Leonard Pongo, récemment primé aux Rencontres de Bamako, brouille les pistes en démontrant que la transe n’est pas réservée aux seuls cultes animistes, mais se pratique aussi dans les églises évangéliques du Congo. Au Togo, Nicola Lo Calzo s’est penché sur le vaudou au féminin. Les prêtresses y célèbrent le culte de la mémoire des femmes esclaves, esprits tourmentés à apaiser. Autres martyres, résilientes cette fois, des jeunes filles revenues des camps de Boko Haram posent devant l’objectif de Rahima Gambo, au Nigéria : voilées de la tête aux pieds, mais en rose s’il vous plaît, elles sont aussi sages à l’étude qu’elles sont délurées à l’heure de la récré. Jeune pépite à découvrir d’urgence, Seumboy Vrainom :€ (c’est son pseudonyme) répond avec facétie à la question : « Dieu ou le wifi ? ». Dans une vidéo d’incantations dédiées à la bande passante, il sous-entend que l’Internet est la nouvelle idole universelle qui régit nos rituels quotidiens. Un brin illustrative, « Croyances » lève le voile sur des artistes qui pourraient bien devenir les nouvelles coqueluches de la scène africaine.

« Croyances : faire et défaire l’invisible », Institut des Cultures d’Islam, Paris, jusqu’au 27 décembre 2020.

Marie Moignard

Rahima Gambo, Playing Slowly, série Tatsuniya, 2017 © Rahima Gambo
Bénédicte Kurzen & Sanne De Wilde, Land of Ibeji © Bénédicte Kurzen & Sanne De Wilde
Leonard Pongo, The necessary Evil. © Leonard Pongo