Art contemporain africain : Une brève histoire d’un marché d’avenir

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Vingt ans après la vente d’une partie de la collection Pigozzi, retour sur l’évolution éclatante de l’art contemporain africain dont la valorisation passe par Paris, Londres et New York.

Si l’on devait retenir une seule date marquant le coup d’envoi du marché de l’art africain contemporain, ce serait sans doute celle du 24 juin 1999. Ce jour-là, Sotheby’s organise à Londres la vacation « Contemporary African art from the Jean Pigozzi collection ». On ne présente plus cette collection patiemment constituée par le galeriste parisien André Magnin qui a acheté, pour le compte de l’héritier de Simca, des dizaines de milliers d’œuvres en sillonnant l’Afrique pendant une vingtaine d’années. La dispersion de 1999 marque un tournant non seulement parce qu’il s’agit de la première vente majeure organisée par une société leader du marché de l’art international, mais aussi parce que c’est une remarquable réussite. Le prix des œuvres est alors peu élevé (n’excédant pas 18 000 $) et presque toutes sont vendues (2% d’invendus seulement), un phénomène rarissime qui s’explique tant par le pedigree « Pigozzi » que par la finalité de cette vente, dont les recettes se partagent entre l’Unicef et la dotation du Prix Jean Pigozzi pour l’art africain contemporain.

Omar Ba, Sans titre, huile sur carton, 210,3 x 149,7cm © Sotheby’s

Beaucoup moins d’invendus

Vingt ans plus tard, le produit d’une vente d’art africain de Sotheby’s a été multiplié par dix… Les 328 000 $ de résultat global de la dispersion Pigozzi ont été balayés par les 3 millions $ réalisés lors de la vente « Modern & Contemporary African Art » d’avril dernier, pour un nombre de lots similaires. La demande a explosé, tout comme la cote des artistes et le produit de ses ventes spécialisées. Mais avant d’en arriver là, le parcours des maisons de ventes n’a pas été de tout repos. Entre élans d’optimisme et cuisantes déconvenues, il a fallu traverser quelques années chaotiques avant que le marché de l’art africain n’impose sa croissance.

Aboudia, Carnet de voyage, 2011-2012 © Piasa

Les sociétés de ventes s’engagent

Pressentant l’émergence d’un nouveau marché essentiel au tournant des années 2000, les sociétés de ventes multiplient les vacations spécialisées sans rencontrer le succès escompté, pendant des années. Malgré une émulation certaine et un début de hausse des prix (dont une poussée de +20 % en 2010), les taux d’invendus sont bien souvent désespérants… Acheter de l’art moderne et contemporain africain n’est pas ancré dans les habitudes des collectionneurs internationaux, et plus de la moitié des œuvres se retrouvent régulièrement ravalées, faute d’enchères satisfaisantes. Lors de leur vente spécialisée de 2010, Bonhams accuse 60 % d’invendus à Londres et Artcurial 74 % à Paris. Plus proche de nous, en 2016, la vente « Africa Now » de Bonhams culmine à 72 % d’invendus et celle dévolue à l’« Art Contemporain Africain » chez Piasa à 53 %… Les maisons de ventes ont dû faire preuve de ténacité et laisser le temps aux œuvres de trouver leur public. Depuis deux ans, la tendance s’est inversée, avec des taux d’invendus oscillant plutôt entre 25 % et 45 % et des produits de ventes quintuplés (le résultat cumulé des ventes de Londres et de Paris  s’élève à 27,8 millions $ depuis mai 2017, contre 5,9 sur les deux années précédentes).

Henry Taylor achève une toile pour la 58e Biennale de Venise. Courtesy La Biennale de Venise. Photo © Italo Rondinella

Paris et Londres constituent les deux axes principaux du marché occidental dans la promotion et la valorisation d’une scène exclusivement africaine. Côté marché français, Piasa s’est spécialisée avec succès et s’impose sur le secteur : progression spectaculaire du chiffre d’affaires pour un résultat record de 1,455 million $ le 15 mai dernier (+260 % par rapport à la vente du 17 novembre 2016), adjudications au décuple des estimations et multiplication des records… Les résultats sont extrêmement convaincants, y compris pour de tout jeunes artistes qui n’ont été introduits aux enchères que très récemment. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les résultats des ventes de novembre et mai derniers : record, entre autres, pour l’Angolais Christiano Mangovo (près de 37 000 $ contre une estimation basse de 3 400 $), les Ougandais Ian Mwesiga (53 000 $ contre une estimation basse de 17 000 $) et Joseph Ntensibe (43 700 $ contre une estimation basse de 9 000 $), pour le Centrafricain Dieudonné Sana Wambeti (22 000 $ contre une estimation basse de 2 200 $) ou encore l’Ivoirien Aboudia (78 600 $ contre une estimation basse de 20 000 $). Les œuvres de Kassou Seydou (38 200 $ contre une estimation basse de 3 400 $), d’Étienne Yéanzi (flamboyant résultat de 76 400 $ contre une estimation basse de 5 600 $) et d’Anjel (14 500 $ pour une toile attendue à 10 000 $ de moins) sont parties largement au décuple des estimations, bien que ces artistes soient novices sur le second marché. Cette demande motivée pour des artistes peu connus laisse à penser que les grands collectionneurs jugent les œuvres avec leurs yeux plutôt qu’avec leurs oreilles, une tendance révélant une particularité du marché de l’art contemporain africain en France. La découverte est privilégiée, sans exclure la représentation d’artistes célèbres. Il y a deux ans, Piasa a d’ailleurs enregistré un record mondial pour un dessin de William Kentridge (Tête de femme bleue, vendu 437 000 $ ), détrôné depuis par Aspire Art Auction à Johannesbourg.

Anjel (Boris Anje dit), Prada @Lacoste.com, 2018 © Piasa

La maison française Artcurial opte pour une formule originale et vivante avec des ventes parisiennes organisées en duplex avec Marrakech. La troisième session de « Paris#Marrakech », le 30 décembre 2018, a confirmé la pertinence de ce format avec 2,1 millions $ d’œuvres vendues, dont 568 000 $ pour la seule capsule « African Spirit » et six nouveaux records du monde pour l’art contemporain africain. Artcurial est aussi un acteur incontournable, en capacité de vendre à des prix records les œuvres du grand photographe malien Seydou Keïta (près de 73 000$ pour le grand tirage argentique d’une Odalisque) ou du Congolais Bodys Isek Kingelez. L’évolution de la cote de cet « architecte-maquettiste » est remarquable : il y a dix ans, ses sculptures colorées d’utopiques bâtiments miniatures en carton, alors estimées à moins de 10 000 $,  ne se vendaient pas aux enchères. Personne n’en voulait malgré une reconnaissance institutionnelle déjà établie (il avait fait partie de l’exposition « Magiciens de la terre » au Centre Pompidou en 1989). Mais le 30 décembre dernier, Artcurial a vendu sa sculpture Pacific Art pour 81 800 $. Un record obtenu alors que le MoMA braquait le projecteur sur Kingelez en lui consacrant sa première rétrospective américaine (« Bodys Isek Kingelez, City Dreams », 26 mai 2018- 1er janvier 2019). La même sculpture était restée invendue pendant la vente d’art contemporain non occidental de Calmels-Cohen à Paris, le 9 juin 2005. C’était pourtant le moment de l’acheter : son prix a triplé depuis…

Bodys Isek Kingelez, Pacific Art, 1989, carton, bois, papier, collage et plastique © Artcurial

Premier coup de marteau millionnaire

Du côté de Londres, Bonhams et Sotheby’s mènent la danse. Lorsque les spécialistes de Bonhams évoquent une « explosion de l’intérêt pour l’art moderne et contemporain africain », ils parlent  dexpérience, Bonhams étant la première grande maison de ventes impliquée avec régularité sur ce marché. Entre 2009 (année de lancement de ses ventes d’art africain) et 2014, Bonhams organisait une seule et unique vente par an. Elle est passée à la vitesse supérieure en 2015 avec trois ventes, pour finalement trouver son rythme croisière avec deux sessions annuelles. Cette société pionnière a obtenu le premier coup de marteau millionnaire d’une vente d’art africain moderne et contemporain. Un coup de marteau emporté l’an dernier pour « le père du modernisme nigérian », Ben Enwonwu (1921-1994), acclamé par la critique de son vivant et désigné comme l’artiste le plus important du continent africain en 1949 par le magazine Time. L’artiste est resté sous-coté pendant de nombreuses années – ses toiles se vendaient pour quelques centaines de dollars il y a vingt ans – jusqu’à ce que Bonhams lui décroche un premier coup de marteau à six chiffres en 2013, suivie par la dynamique société ArtHouse Contemporary à Lagos (Nigeria). Le record millionnaire de Ben Enwonwu en 2018 récompense son œuvre la plus connue, le portrait de la princesse yoruba Ife Adetutu Ademiluyi, dite « Tutu » (1974). Un symbole fort pour le marché, Ben Enwonwu battant au passage le record d’adjudication d’El Anatsui, l’un des artistes les plus recherchés par les acheteurs internationaux. La société Bonhams passe à la vitesse supérieure cette année, important ses ventes « Modern & Contemporary African Art » à New York. Six œuvres ont dépassé les 100 000 $ lors de la vacation new-yorkaise du 2 mai 2019 : Ben Enwonwu et Irma Stern, Demas Nwoko, Alexander Skunder Boghossian, Papa Ibra Tall et Nelson Mandela. En marge de la cinquième édition new-yorkaise de la foire 1-54, l’accueil est désormais favorable pour des ventes thématiques dans le fief du marché de l’art haut de gamme.

Bonhams est fortement challengée par Sotheby’s qui a opéré un véritable tournant, il y a tout juste deux ans, en ouvrant son département spécialisé d’art moderne et contemporain africain à Londres. Objectif : prendre position sur ce marché en pleine croissance en réalisant des ventes régulières. Depuis la première session du 16 mai 2017 (79 % de lots vendus et 3,6 millions $ de résultat), la société a enregistré plus de 60 nouveaux records pour des artistes africains. Une réussite, donc. Sa dernière vente (avril) affiche 3 millions de résultats, dont près de la moitié repose sur l’œuvre Zebra Crossing 2 d’El Anatsui, deuxième artiste africain récompensé d’un Lion d’or à la Biennale de Venise, après Malick Sidibé en 2002.

El Anatsui, Zebra Crossing 2, 2007, capsules aluminium et fil de cuivre, 226 x 325 cm © Sotheby’s

Les prix augmentent, suivant la visibilité

Un nombre important de nouveaux records ont déjà été enregistrés depuis le début de l’année chez Bonhams, Sotheby’s ou Piasa. La liste serait longue si l’on tentait de la rendre exhaustive, mais quelques-uns méritent d’être signalés, comme celui de l’artiste sénégalais Omar Ba (31 000 $ en avril dernier, Sotheby’s), dont les œuvres n’ont été introduites aux enchères que très récemment. Grâce au soutien de la galerie Templon (Paris), il est représenté sur les grands salons internationaux depuis plusieurs années. Il est donc suivi de près par des collectionneurs internationaux et désormais attendu en salles. Plus habitué à la sanction des enchères, Chéri Chérin multiplie les coups d’éclat : l’une de ses toiles estimée moins de 10 000 $ en novembre dernier s’est arrachée pour plus de 30 000 $ chez Piasa. Une autre est partie pour 36 000 $ en mars alors que Bonhams l’estimait au mieux à 5 000 $. Un réajustement de cote est donc en cours pour cet artiste longtemps resté dans l’ombre de Moke et de Chéri Samba, l’un des artistes les plus demandés et les plus exposés (jusqu’en Corée du Sud!). L’évolution du marché de Chéri Samba donne le ton, l’artiste ayant été introduit aux enchères il y a une trentaine d’années. Un laps de temps suffisant pour observer des cas de reventes fructueuses : achetée pour 14 500 $ lors de la vente Pigozzi de 1999, l’œuvre Une Vie non ratée grimpait à 68 000 $ en mai 2017 (Sotheby’s Londres), soit un prix en hausse de +369 % en moins de vingt ans.

La sanction de plus en plus positive du marché vis-à-vis de la création africaine s’inscrit dans l’effort général pour pallier la sous-représentation de ces artistes dans les grands rendez-vous de l’art contemporain. La multiplication d’expositions de premier plan ces dernières années en témoigne, autant que la présence – pour la première fois – du pavillon du Ghana à la 58e Biennale de Venise. La proposition du Ghana est d’autant plus riche qu’elle met en relation des stars du marché (El Anatsui, Ibrahim Mahama, Lynette Yiadom-Boakye) avec Felicia Abban et Selasi Awusi Sosu, inconnus au bataillon des enchères. L’actualité ouvrant les portes de la découverte pour les uns et confirmant l’aura des autres, elle est un vecteur d’accélération de cote indéniable. Zanele Muholi, Henry Taylor et Njideka Akunyili Crosby rayonnent aussi à Venise, tandis que les collectionneurs n’attendent que l’opportunité d’enchérir sur les œuvres.

Serigne Ibrahima Dièye (né en 1988, Sénégal) Stylo Bic, collages, gomettes et acrylique sur toile ©Piasa

Ce qui est rare est cher

Leurs œuvres passent au compte-gouttes dans les grandes ventes d’art contemporain de Londres et de New York. Or, cette rareté attise le désir… comme les prix. Njideka Akunyili Crosby est l’une des artistes les plus recherchées d’une diaspora afro-américaine dont les prix explosent littéralement. Inconnue sur le marché des enchères avant 2016, Crosby est l’étoile montante d’une génération d’artistes explorant l’identité post-coloniale. Ses dernières œuvres ont toutes passé le million en salle, dont un record de 3 millions $ lors d’une vente du soir de Christie’s New York en 2017. Tout est allé très vite pour cette jeune artiste d’origine nigériane (elle est née en 1983) : arrivée à New York à 16 ans, révélée en 2016 par le prix Canson du Drawing Center à 33, elle est aujourd’hui soutenue par des galeries aussi importantes que Victoria Miro et David Zwirner. Elle est surtout demandée partout (Whitney Museum of American Art, Hammer Museum de Los Angeles, Museum of Art de Baltimore, National Portrait Gallery de Londres) et ses œuvres puissantes exposées à la Biennale de Venise font sensation.

Cette montée en puissance des artistes contemporains africains-américains et africains-britanniques est également portée par les retentissants résultats de Barkley L. Hendricks, Kerry James Marschall, Toyin Ojih Odutola ou Lynette Yiadom Boaqué. Ce marché est en pleine ébullition à tous les niveaux : repositionnement de galeries influentes, multiplication des achats et des commandes de la part de stars et de politiciens, accélération des acquisitions et des donations des musées. Certains artistes sont si demandés qu’il faut s’inscrire sur liste d’attente pour acheter une œuvre… Une diaspora désormais chérie par le marché.

Njideka Akunyili Crosby, 5 Umezebi Street, New Haven, Enugu, 2012 Courtesy de l’artiste et David Zwirner Gallery

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