[EDITO #58] NFT, entrons dans la danse !

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Meryem Sebti, Directrice de la publication et de la rédaction du magazine Diptyk

Que fait ce baigneur insouciant, tout droit sorti d’une piscine de David Hockney, en couverture de Diptyk ? Cette image séduisante, issue de la série Different shades of water, on la doit au jeune artiste nigérian Osinachi, découvert pendant la dernière édition de la 1-54 Londres en octobre dernier. Créée à partir de l’arsenal d’outils très basique de l’application Word, Man in Pool II est le premier NFT made in Africa vendu aux enchères 50 000 £ chez Christie’s.

Après des mois de prostration, à orner notre isolement d’un questionnement philosophique, nous voilà repartis à très grande vitesse dans un numéro de fin d’année qui change radicalement de ton. Pour mieux capter les signaux d’un monde de l’art en profonde mutation, nous consacrons un important dossier à la révolution fulgurante des NFT, à laquelle n’échappe pas notre continent. Le marché de l’art explose grâce aux non fongible tokens, ces certificats numériques infalsifiables qui garantissent l’authenticité d’un objet virtuel. Si certains pensent que les NFT sont une mode réservée aux collectionneurs et aux spéculateurs, quand on y regarde de plus près, il semblerait que ce soit plutôt une nouvelle modalité de la propriété, destinée à reconfigurer notre monde. L’art numérique, favorisé par la pandémie et dopé par la bonne santé du cours des cryptomonnaies, offre beaucoup d’avantages : parfaite traçabilité des œuvres, suppression des intermédiaires, meilleure reconnaissance des artistes numériques, diversité des formes de transaction… Pour les adeptes du crypto-art, la fête ne fait que commencer et nos pages veulent suivre le rythme de cette musique du siècle.

« Nous devrions faire en sorte que les acteurs du secteur des technologies en Afrique entrent dans la blockchain et participent à ce qu’il se passe. À terme, pourquoi ne pas créer une marketplace NFT centrée sur l’Afrique, afin de permettre aux artistes du continent de bénéficier de l’attention qu’ils méritent ? », prophétise Osinachi. D’Afrique pour l’Afrique, on ne le dira jamais assez. Certains musées comme les Offi ces de Florence ont perçu le signal en mettant en vente des exemplaires numériques cryptés de leurs oeuvres les plus emblématiques. Le MACAAL y songe aussi. Imaginez tous les amateurs d’art marocains, africains, dans un élan unanime, devenant propriétaires d’un avatar des collections muséales. Rêvons collectif. Entrons dans la danse !

Meryem Sebti,
Directrice de la publication et de la rédaction

Retrouvez le numéro 58 de Diptyk en kiosque ou sur notre e-shop, en format papier ou format PDF