[Expo] Chikhates et résistantes

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Fatima Mazmouz explore la figure de la chikha en se mettant en scène à la galerie d’art Kulte Center of Contemporary Art, à Rabat.

Fatima Mazmouz Casablanca mon amour, Liaisons Dangereuses, Résistantes, Chikhates #4 (2018) Tirage photographique sur dibond 156 x 110 cm Courtesy : Fatima Mazmouz / Kulte Center for Contemporary Art and Editions & The Mosaic Rooms

La chikha, figure de résistance ? Assurément pour Fatima Mazmouz qui poursuit, à Rabat, son travail sur le genre dans le monde arabe. Sa nouvelle exposition « كلامي قرطاس, I SPIT FIRE » rassemble photographies, sculptures et chants traditionnels de la Aïta. Elle nous plonge avec humour dans l’univers de ces danseuses-poétesses qui, avant que leur image ne soit dévoyée par les préjugés, étaient perçues dans la culture populaire marocaine comme libres et rebelles. Fatima Mazmouz comme à son habitude se met en scène et use d’un motif récurrent dans son travail : l’utérus armé. Rappelant le procédé utilisé dans la série Bouzbir, la trame des photographies Chikhates repose sur une multitude d’images de fusils qui esquissent des formes d’utérus. La symbolique animale présente dans les danses des chikhates, où la femme devient alternativement coq, serpent puis cheval, inspire à Mazmouz une nouvelle mythologie faites de figures imaginaires, mi-humaines, mi-animales. L’artiste rend ici hommage à cette icône du patrimoine musical marocain, porte-voix d’une tradition orale parfois méprisée. Peut-être, Mazmouz interroge-t-elle aussi la place de cette culture populaire dans l’art contemporain.

Yasmine Mechbal

Fatima Mazmouz, « Résistantes-Chikhates », une série présentée en collaboration avec The Mosaic Rooms (Londres, Royaume-Uni) et Kulte Center for Contemporary Art and Editions (Rabat, Maroc) – jusqu’au 30 octobre.