[ EXPO ] Melehi, la peinture comme art de la répétition

Sans titre, novembre 2015, acrylique sur toile, 150 x 150 cm

Share

Le peintre Mohamed Melehi éclaire l’automne casablancais de ses nouveaux travaux. Pour Diptyk, il se prête à quelques réflexions sur la peinture en général et sur la fidélité à soi-même. 


La galerie Loft vous consacre une exposition. Quel est le sens de ce titre qui joue sur le sens : « Spontané/ Simultané » ? 

Intituler une exposition n’est pas toujours nécessaire. Mais parfois, cela peut aider le spectateur à effectuer une meilleure lecture de l’œuvre et lui permettre aussi d’y participer d’une manière concep- tuelle. En effet, ce titre « Spontané/ Simultané » renvoie au dessin que vous griffonnez en parlant au télé- phone. C’est une idée non réfléchie, un flash que l’on met en pratique. En peinture je ne cherche pas à plaire, je peins sans réfléchir. À la manière zen, j’essaie de ne pas trop me don- ner le temps de la réflexion car trop de réflexion peut gâcher un projet, lui ôter de sa fraîcheur. De la pensée sans pensée, en somme. 


Que répondez-vous aux critiques qui reprochent à un artiste de peindre toujours la même chose ? Qu’avez-vous à dire sur la permanence d’un motif, comme l’onde qui traverse votre œuvre depuis les années 1960 ? 

Il y a des choses, des gestes qui finissent par devenir innés ! L’onde est pour moi une écriture, un langage. Prenez Abdelkebir Rabii, par exemple, il peint toujours la même chose, ce jeu entre ombre et lumière, c’est son langage. Le danseur ne peut pas se passer de son corps. Je ne peux pas me passer de mon motif de l’onde ! Dans l’art, il y a un acte fondamental : celui de la répétition, qui est une forme de transe calme et paci- fique. L’idée de la répétition – l’onde que je répète encore et encore – se retrouve par exemple dans le manie- ment du chapelet. Un homme pieux se sert de son chapelet pour compter ses actes répétitifs, atteindre son état mystique et, en quelque sorte, le nirvana du moment. 


Mohamed Melehi, « Spontané/ Simultané »

Galerie Loft, Casablanca, du 10 décembre 2015 au 9 janvier 2016. 
lien facebook de l'évènement : https://www.facebook.com/events/537426096415827/


Propos recueillis par Meryem Sebti 
La suite de cet entretien est disponible sur Diptyk magazine #31 en kiosque et en ligne sur ce lien https://www.relay.com/diptyk/numero-courant-1254.html

La Me Collectors Room. Ci-dessus, la collection privée de Thomas Olbricht, avec des œuvres de Cindy Sherman. © Me Collectors Room Berlin, Photo Bernd Borchardt
Portrait de Wahib Chehata © Kytao