[Expo] Mohamed Said Chair ou la poésie du vide

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Pour sa dernière exposition The Bank, le peintre Mohamed Said Chair affûte ses crayons et développe une technique hyperréaliste qui le conduit à renouveler son univers figuratif. 

Sans doute peut-on distinguer deux types de galeries. D’un côté, celles qui exposent des artistes confirmés dans des espaces faisant office de show rooms. De l’autre, celles qui accompagnent des artistes en devenir, en leur offrant les moyens de développer leur pratique. La Galerie Shart de Casablanca appartient sans nul doute à la seconde catégorie tant les choix de son fondateur, Hassan Sefrioui, brillent par leur aspect parfois iconoclaste.

Mohamed Said Chair, Réception II, 2020, crayon sur papier, 65/50 cm.

Ainsi en va-t-il de la dernière exposition consacrée au peintre autodidacte Mohamed Said Chair, The Bank, dans laquelle l’artiste a eu tout loisir d’expérimenter de nouveaux terrains de jeu. Abandonnant la représentation de la chair humaine et la mise en boîte de ses contemporains, dans un motif qui devenait lassant, le peintre s’attache à donner forme à l’univers de la banque ; son premier métier. Une peinture devenue âpre, sans pathos, dans laquelle l’artiste s’attache à figurer aussi le temps qui passe à travers des murs qui se délitent.

Mohamed Said Chair, Archive I, 2020, huile sur toile, 40/50 cm.

La pratique assez récente chez lui du fusain lui permet de s’approprier des espaces vides de sens, en scrutant les différents jeux de reflets et de clairs-obscurs. La peinture à l’huile n’est pas abandonnée, mais s’autorise aujourd’hui à rendre les effets de brillance ou de transparence de matériaux aussi divers que le bois, le plastique ou le métal. Un artiste cherche, et un galeriste rend justice à ce travail.

Olivier Rachet