[Expos] Que voir à Marrakech ?

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Entre jeu concours, résidences d’artistes, initiatives locales, la culture continue de battre son plein à Marrakech. Tour d’horizon des expositions à découvrir en ce moment. 

RERO, Sans-titre, 2021, 240x170cm

Les aphorismes de RERO à la fondation Montresso

Voilà un artiste inclassable dont le travail se situe à mi-chemin du land art et de l’art conceptuel. Pour son premier solo show présenté à l’espace d’art de la fondation Montresso, l’artiste RERO propose, dans une scénographie sans fausse note, un parcours atypique entre photographies d’installations prises dans le désert d’Agafay, toiles aux couleurs flashy, installations monumentales composées de lettres barrées reproduisant axiomes philosophiques ou aphorismes qui questionnent les paradigmes du visible et de l’intelligible. Des vanités modernes confectionnées à partir de simples livres ou de ballons de foot dégonflés invitent aussi à méditer sur nos rêves d’enfant. C’est ludique, indécidable ; bref réjouissant pour l’œil et le cerveau !

Espace d’art Montresso, RERO, « Comme avant… », jusqu’au 5 février 2022. 
©Nour Eddine Tilsaghani

Marrakech, ville fantôme ?

Confinement année zéro. C’est par amour pour sa ville que durant cette période le photographe Nour Eddine Tilsaghani, accompagné de son collaborateur Mohamed Semaa, a choisi de photographier Marrakech. Moins pour donner à voir une ville fantôme que pour immortaliser des bâtiments de Guéliz ou des ruelles de la médina qui en temps ordinaire grouillent d’activités. Grand angle et courte focale pour l’un permettent de tracer d’impensables perspectives ou d’isoler ses personnages dans un environnement devenu soudainement inquiétant. Longue focale pour l’autre afin de réaliser des portraits empreints d’humanité. « S’il n’y a pas de survivant, il n’y a plus d’histoire possible », commente Tilsaghani qui prolonge sa superbe série de panoramiques par une vidéo consacrée au groupe des « Mamans douées » de Dar Bellarj qu’il initie à la photographie depuis 2008. Occasion de redécouvrir l’exposition « Archéologie de l’intime », encadrée aussi par Laïla Hida et Hassan Hajjaj qui avait été stoppée en février 2020 pour cause de pandémie.

Fondation Dar Bellarj, Exposition « Marrakech Lockdown » de Nour Eddine Tilsaghani et Mohamed Semaa, et Exposition « Archéologie de l’intime : Mémoire et imaginaire de l’album photographique » encadrée par Laïla Hida, Hassan Hajjaj et Nour Eddine Tilsaghani, jusqu’au 31 octobre 2022
Yves Saint Laurent Croquis de recherche pour la collection haute couture automne-hiver 1976 dite « Opéra – Ballets russes » 1976 Feutre sur papier Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, Paris

Les audaces d’Yves Saint Laurent

Au-delà d’évoquer une simple histoire d’amitié, l’exposition « Une amitié marocaine : Tamy Tazi, Fernando Sanchez, Yves Saint Laurent » curatée par Mouna Mekouar et Madison Cox, raconte comment trois grands couturiers puisent leur inspiration dans un répertoire de formes vernaculaires, s’autorisant toutes les formes de subversion. « Les audaces qui sont depuis les miennes, commentait Yves Saint Laurent à propos du Maroc, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l’insolence des mélanges, à l’ardeur des inventions.» Un état d’esprit affranchi que l’on retrouve dans les créations de Tamy Tazi, véritable égérie d’une exposition passionnante !

Musée Yves Saint Laurent, « Une amitié marocaine : Tamy Tazi, Fernando Sanchez, Yves Saint Laurent », jusqu’au 29 mai 2022
’Abdelmajid Sabri, Sans titre, 2021, aquarelle sur papier, 86 x 70 cm.

Les miniatures irrésistibles d’Abdelmajid Sabri

Pour sa première exposition, Abdelmajid Sabri remporte la mise. Originaire d’un petit village près de Ben Guérir, ce jeune berger n’ayant pu faire d’études, se lance en peinture après la découverte du peintre marocain Ali Ben R’bati : une révélation. Depuis, l’artiste autodidacte enchaîne les aquarelles sur papier dans lesquelles il revisite, en s’inspirant de l’esthétique des miniatures persanes, les scènes emblématiques de la culture marocaine. Une peinture empreinte d’une grande minutie, teinté d’un onirisme tout sauf naïf qui a déjà séduit de nombreux collectionneurs ; l’exposition étant déjà sold out !

Khalid Fine Arts Gallery, exposition Abdelmajid Sabri
Nabil Boudarqa, Sans titre, Technique mixte sur toile , 200x200 cm, 2021

Faites vos jeux à la galerie M Avenue

L’idée est séduisante. Organiser, à l’occasion de l’inauguration de M Avenue, un jeu concours post-résidence encadré par 4 artistes (Mahi Binebine, Noureddine Chater, Noureddine Daifallah et Mohamed Mourabiti) ayant parrainé respectivement 4 artistes émergents. Le spectateur vote à partir d’un QR code situé au côté de chaque tableau illustrant la thématique : Marrakech & Marrakchis. Le casting est pour le moins hétéroclite. Lauréats des Beaux-Arts côtoient des street artistes et autres égéries des réseaux sociaux. L’ensemble déçoit plutôt, mais certains tirent leur épingle du jeu, à l’image de Nabil Boudarqa dont l’expressivité nous séduit toujours plus ou de Nourredine Ouarhim dont l’incursion matiériste est prometteuse. Faites vos jeux !

Exposition M talent, M Avenue, Marrakech, jusqu’au 2 janvier 2022. Site : https://m-avenue.ma/m-talent/

Olivier Rachet