« JE VIS CE QUE JE SENS, JE PEINS CE QUE JE VIS. »

Introspection, 2012, Gouache sur Papier, 150 x 100 cm © Remed

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Dans la lignée des grands fresquistes des années 40, Remed élabore une œuvre expérimentale et urbaine qui puise son énergie dans le street-tag.

Il use des techniques des graffeurs les plus aguerris, bombe aérosol en main Remed est ce qu’on appelle un interventionniste. 34 ans, né à Lille, il vit à Madrid où la culture de la peinture urbaine est totalement décomplexée. A voir ses œuvres monumentales qui ornent les façades d’usines en friches, on pense immédiatement à Fernand Léger ou au céramiste Jean Lurçat. Une esthétique tout en aplats de couleurs primaires, saturées, des formes géométriques composites qui dessinent des visages, des architectures corporelles. Il doit son goût de la symétrie, du trompe-l’œil, de la figure géométrique à sa rencontre avec l’artiste algérien Mahjoub Ben Bella. C’est grâce à lui qu’il a développé une manière de travailler plus personnelle, qu’il joue sur la profusion répétitive de motifs arabes, inspirés directement de la calligraphie. Son voyage à Sao Paulo lui a permis de façonner une chromatique aboutie plus puissante et développer un nouveau langage centré sur la cosmogonie spirituelle.

INTERTEXTE : Simplifier encore la forme pour densifier le fond.

De là naît son obsession des mathématiques et de l’esthétique. Une géographie complexe qui puise son imagerie dans les légendes populaires ou religieuses. Sa spontanéité répond à celle des colleurs d’affiches ou aux muralistes dans la veine de Banksy ou Blek Le Rat, mais il donne à son œuvre une dimension introspective, ce qu’il appelle « ma poétique de couleurs ». Œuvre qui apporte différents niveaux de lecture, sur le double, le mystère de l’identité. « Je crée des rimes de couleurs, de formes ou de sons afin d’exprimer une émotion, un sentiment, ou l’évolution d’une pensée. Je peins comme on écrit un journal intime, un carnet d’inventions ou un recueil philosophique. Chaque fois, je fais mon état des lieux. Je vis ce que je sens, je peins ce que je vis. » L’artiste, avec Epiphysm, fait un appel du pied à la symbolique thérapeutique. Peindre pour guérir l’âme. La sienne et celle de ses « regardeurs».

 

Chloé Landini

Murat Palta, Interstellar, 2014