Michel Poivert, la photographie à l’ère de l’anthropocène

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« La photographie n’est plus à proprement parler une technologie ni même un médium, elle est en transition ». C’est fort de cette observation que l’historien de l’art Michel Poivert entreprend de définir les différentes approches d’un art concurrencé aujourd’hui par une « hypertechnologie des images ». Qu’il s’agisse de travailler à partir d’archives privées ou publiques déjà existantes, comme s’y emploient Romaric Tisserand et Carolle Benitah, ou d’adopter une approche « archaïsante » en renouant avec des procédés anténumériques tels que le cyanotype, le calotype prisé par Sara Imloul ou les tirages à la gomme bichromatée auxquels recourt le Franco-Marocain Mustapha Azeroual, la photographie explore désormais « moins un avant qu’un ailleurs ». L’auteur fait aussi la part belle, dans un ouvrage dont l’érudition le dispute à l’exhaustivité des illustrations, à cette forme avancée de « végétalisme photographique » que l’on retrouve dans l’usage de l’anthotype, grâce auquel les artistes utilisent « les vertus photosensibles des plantes ». Ou comment, en ces temps de crise environnementale, se reconnecter à la nature en privilégiant parfois le souci éthique au détriment de l’esthétique.

Olivier Rachet

Michel Poivert, Contre-culture dans la photographie contemporaine, éditions Textuel, 304 p., 760 DH