UNE FORME D’ART BRUT

Nassim Grych

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La Fondation CDG réunit le travail d'enfants trisomiques. Ces toiles aux yeux grands ouverts ouvrent les nôtres sur le paysage intérieur de ces auteurs souvent stigmatisés dans nos sociétés.

 

Voici une exposition à laquelle se rendre sans préjugés. Dirigés par six généreux artistes marocains, six enfants trisomiques ont donné libre cours, sur toile, à leur capacité créative. Beaucoup de visages, de formes animales ou d'architectures composent le répertoire de cette émouvante exposition proposée par l'Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques (AMSAT). Certains amateurs d'art naïf marocain y reconnaîtront le vocabulaire plastique et les couleurs de Chaïbia, Fatima Hassan ou Louardiri. Comme ces artistes bruts ou naïfs, les enfants trisomiques sont exempts de culture artistique ou de volonté de mimétisme.

Ce qui est à l'oeuvre ici, et c'est tout l'intérêt de cette exposition, c'est que "leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écritures, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe."

Jean Dubuffet, tiré de L’Art Brut préféré aux arts culturels, Paris, Galerie René Drouin, 1949.

 

​Fondation CDG, jusqu'au ​24 septembre 2014

Sammy Baloji, Les fragments de Ouakam, 2015, installation, photographies, dimensions variables