[Work In Progress] Dhewadi Hadjab, ces moments où l’on tombe

Share

Le jeune peintre algérien Dhewadi Hadjab s’intéresse aux distorsions corporelles. Dans une atmosphère troublante, cet étudiant aux Beaux-Arts de Paris met en scène des postures inhabituellement représentées.

« Qu’est-ce que l’histoire de l’art a ignoré ? ». Telle est la question que se pose Dhewadi Hadjab, étudiant depuis 2019 aux Beaux-Arts de Paris. Après s’être concentré, dans la foulée de ses études entamées aux Beaux-Arts d’Alger, sur les motifs du double et de l’ombre, son attention se porte sur les contorsions corporelles. L’univers de la chorégraphie contemporaine ne lui est pas étranger et c’est en observant les difficultés rencontrées par des danseurs que l’idée lui vient de mettre en scène des moments d’inconfort. « On s’est peu intéressé, commente-t-il, à ces moments où l’on tombe, se fait mal. Où l’on accomplit un mouvement que l’on n’aurait pas dû faire. » On est loin des danseuses de Degas, plus proche des moments de tension qui animent certains tableaux de Bacon, comme avec ce cri qui innerve littéralement la toile intitulée Posture du corps IV.

Dhewadi Hadjab, Dream dancing II, 2020, huile sur toile, 195 x 130cm. Courtesy de l’artiste

Avant de se lancer dans un tableau, Dhewadi Hadjab passe par des mises en scène savamment élaborées. Un shooting photo préside toujours à l’acte de peindre. « Je travaille d’après un photomontage, en recherchant des modèles dans mon entourage. Après la séance photo, je passe sur Photoshop pour créer le décor, un lieu qui n’existe pas. » Il en résulte des mises en scène troublantes dans lesquelles les tapisseries sont lacérées et les intérieurs d’un vide inquiétant.

Parfois, une fenêtre s’ouvre sur un décor nocturne angoissant. Des personnages plongent dans une piscine. Mais ce qui continue ici de fasciner l’artiste est « l’eau et sa capacité de déformation », à l’image des corps que Dhewadi Hadjab met en crise. Des thématiques que l’artiste continue actuellement d’explorer lors d’une résidence parisienne en collaboration avec l’espace d’art Rhizome, qui a récemment ouvert ses portes à Alger.

Olivier Rachet