[Work in progress] Le réseau 100% bio de Youssef Ouchra

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Comme un pied de nez à l’hyper-technologie de nos sociétés, Youssef Ouchra veut créer un réseau de communication à l’aide de plantes.  Pour réenchanter notre rapport à la nature.

5V comme les 5 doigts de la main. 5V pour Vie/Vivant/Végétation/Voyage/Véhicule. Le nouveau projet participatif de Youssef Ouchra peut surtout se lire comme une contre-proposition à la 5G et donc à la surenchère technologique qu’elle incarne. De quoi s’agit-il ? Ouchra entend établir un réseau de communication entre différentes plantes accompagnées d’un message pouvant prendre la forme d’un texte poétique, d’un dessin ou d’un schéma dans lesquels une prière ou une requête sont adressées à la Terre. « L’encre utilisée, précise-t-il, est de préférence naturelle, facilement obtenue avec du curcuma, du safran ou une décoction de pétales de fleurs ».

©Youssef Ouchra

 L’action accomplie, il s’agit alors de déposer « l’offrande » dans un jardin ou dans l’espace public, ou via un « satellite » envoyé dans les airs au petit bonheur la chance. L’artiste a choisi de son côté d’utiliser des ballons biodégradables gonflés à l’hélium. Ce protocole développé pendant le confinement est à la portée de tous : « Les enfants mêmes peuvent participer », souligne l’artiste. Certains artistes comme Rita Benjelloun ou Jean-Paul Thibeau  se sont déjà soumis à « ce protocole ritualisé de communication par le végétal ».

Comme une offrande à la terre ou comme une bouteille jetée à la mer, le projet 5V entend cartographier de nouveaux territoires poétiques. Un contrepied au cynisme de nos nouvelles technologies qui servent aussi à contrôler. Ici l’aléatoire est roi.

©Youssef Ouchra

Le site www.5vnetwork.com permettra à terme de géo-localiser son action et de créer ainsi un nouveau réseau de communication 100% végétal. « Il est prouvé scientifiquement que tous les arbres sont déjà en interconnexion », commente Ouchra qui considère depuis longtemps, dans la pure tradition bouddhiste, que nous faisons partie d’un vaste organisme énergétique dont les technologies modernes ne seraient que la pâle copie. Après la révolution numérique, la révolution par les plantes ? On a envie de croire en cette utopie poétique qui entend retisser un lien avec la nature. On aime la dimension performative de ce projet en gestation.  À suivre.

Olivier Rachet