[Work In Progress] Vincent Michéa sur des airs de Hockney

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Débutée pendant son confinement parisien, la nouvelle série de l’artiste-peintre Vincent Michéa, intitulée Quand on arrive en ville, sublime l’art du collage et de la couleur franche.

Avec modestie, Vincent Michéa ne prétend réaliser que « des affiches d’intérieur ». Pourtant, les techniques mises en œuvre par cet ancien graphiste français résidant à Dakar n’ont rien à envier à celles des grands peintres anglo-saxons tels que Hockney ou Warhol, qui ont comme lui fréquenté une école d’arts appliqués. Tout débute, le plus souvent, par une série de photomontages lui servant d’esquisses pour les toiles qu’il s’apprête à réaliser. « J’essaie de m’approcher de la réalité d’un photomontage, d’en produire un fac-similé surdimensionné, avec tous les aléas que la main procure. » Aux antipodes des images aseptisées produites numériquement, l’artiste revendique le choix « de remettre de la manualité » dans son travail. « J’aime bien les accidents que la main provoque. La main n’est jamais parfaite. » Pour la série en cours, Quand on arrive en ville, qu’il espère montrer lors de la prochaine Biennale de Dakar, Vincent Michéa s’intéresse à l’architecture complexe et chaotique de la ville sénégalaise, où l’on peut passer « d’un immeuble ultramoderne à une villa en ruine » en un clin d’œil. Le quartier historique du Plateau, situé sur les hauteurs de Dakar, a ici ses faveurs en raison de sa lente défiguration qu’il assimile à « une véritable hémorragie ».

Série Quand on arrive en ville, L’hôtel Indépendance, 2021, acrylique sur toile, 146 x 216 cm. Courtesy de l’artiste

Pourtant, rien de nostalgique dans cette peinture aux couleurs franches rappelant, chez celui qui aime à se définir comme « un peintre de variétés », les pochettes de vinyles des années 60 ou 70. « Il y a autant de choses à apprendre de ces pochettes que des photos de Malick Sidibé ou Seydou Keïta », estimet-il, voyant dans l’absence de professionnalisme des groupes qui copiaient alors la musique cubaine ou américaine un facteur de « transculturation » inspirant. On aime au final cette peinture ludique, décomplexée, avec laquelle cet Africain de cœur célèbre les unions de la main et de l’œil. So groovy !

O.R