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Bouchra Salih, un désert pour se réinventer

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Pour la nouvelle édition d’État d’Urgence d’Instants Poétiques (EUIP), Bouchra Salih troque, du 30 octobre au 8 novembre, la luxuriance du Jardin d’essais botaniques de Rabat contre les dunes de M’Hamid El Ghizlane, aux portes du désert. Rencontre avec une curatrice en réinvention permanente.

« Je n’ai jamais aimé les zones de confort, ni les rythmes de croisière. » Pour Bouchra Salih, créatrice et curatrice aux talents et casquettes multiples, lorsqu’un projet ronronne, il est alors plus que temps de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière. C’est précisément le sort qu’elle réserve à la nouvelle édition d’État d’Urgence d’Instants Poétiques (EUIP), la manifestation qu’elle a conçue et pilote depuis quatre ans, transformant le Jardin d’essais botaniques de Rabat en lieu de création in situ. Une sorte de laboratoire hors les murs qui invite les oeuvres dans l’espace public. Du 30 octobre au 8 novembre prochain, ce rendez-vous artistico-poétique soutenu par l’Institut français du Maroc et l’Opération Antidot prendra ses nouveaux quartiers à M’hamid El Ghizlane, aux portes du Sahara. Un décor aux antipodes de la luxuriance du jardin, signe d’un nouveau souffle pour cette rencontre pensée comme une réconciliation entre art et nature.

©Amine Oulmakki

Cette folle idée de faire voyager et rencontrer les jardins est en effet inscrite dans l’ADN même d’EUIP, qui suit une trame rhizomatique à bien des égards, notamment à travers les échanges entre les créateurs, entre les oeuvres, y compris celles créées lors des éditions précédentes. Nourrie aux logiques expérimentales des ateliers d’artistes, Bouchra Salih est habitée par la nécessité de repenser la notion de lieu culturel, « sans lieu physique fixe, mais conçu comme un espace de réflexion et de partage ». Férue de création hors les murs, elle n’en est pas moins attachée à la notion d’ancrage territorial : « Plus qu’un espace, je souhaite que les artistes investissent un territoire dans son entièreté. J’aimerais que cette nouvelle expérience ne se limite pas à une installation in situ. Au contraire, je souhaiterais en faire un rendez-vous avec des artisans locaux, des coopératives, des femmes de la région, impliquer aussi les jeunes et leur proposer des projections en soirée, etc. pour que l’art soit aussi un divertissement, un événement plus inclusif. »

À travers ces échanges, Bouchra Salih espère tisser de nouvelles conversations et poursuivre celles entamées lors des précédents opus. Il sera notamment question d’environnement dans les discussions entre les jardiniers rabatis et les cultivateurs oasiens, soumis à un terrifiant stress hydrique et un ensablement galopant. Et comme nombre de migrations, celle d’EUIP appelle un retour : Bouchra Salih invite d’ores et déjà les artistes de cette édition et de la prochaine en 2024 à échanger, à contempler la floraison de leurs oeuvres et à penser leur propos artistique entre désert et jardins, pour un EUIP saisonnier et nomade,    empreint de poésie…

Houda Outarahout

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