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[Expo] Quand la peinture marocaine se raconte autrement au MMVI

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Le Musée Mohammed VI propose avec « Les peintres marocains dans les collections nationales, de Ben Ali R’bati à nos jours », une déambulation didactique. Prémices d’une histoire de la peinture qui ne demande plus qu’à être racontée. Jusqu’au 15 décembre.

On ne l’attendait plus. Une exposition couvrant un siècle d’histoire de la peinture au Maroc, issue des collections nationales de la Fondation Nationale des Musées, du Ministère de la Culture et de l’Académie du Royaume présente une centaine d’œuvres, souvent inédites. Le propos est didactique, et la scénographie aérée. « Mon choix curatorial, précise Abdelaziz El Idrissi, directeur du MMVI, est tributaire de ces différentes collections, ce qui explique la rareté des œuvres contemporaines. » D’emblée, une frise chronologique revient sur quelques événements fondateurs de l’histoire de la peinture au Maroc : de la première exposition en 1916 d’un peintre marocain en Europe à l’ouverture du Musée Mohammed VI en 2014.

L’accrochage suit cette chronologie et revient sur quelques moments forts dont l’exposition manifeste « Présence plastique » du groupe de Casablanca, à Marrakech, en 1969.  Les raccourcis sont inévitables quand on ambitionne d’embrasser plus d’un siècle de production plastique : regrouper des artistes tels que Chaïbia, Saladi ou Tabal présentés comme autodidactes, sous l’appellation « d’expression spontanée » ou « naïve » gagnerait ainsi à être explicitée.

Farid Belkahia, Sans titre, pigments, henné sur cuir marouflé sur bois, diamètre: 154 cm. Collection du Ministère de la Culture.

Engagements et renoncements

Mais ne boudons pas notre plaisir ! L’exposition pose intelligemment les jalons de ce que serait une histoire de la peinture au Maroc qui ne demande plus que d’être écrite. De l’introduction de la peinture de chevalet au début du XXème siècle à la rupture idéologique et esthétique du groupe de Casablanca ayant cherché, avec Melehi, Belkahia ou Chabâa à prôner « un art décolonisé », cette histoire de l’art reste inséparable d’une histoire politique faite d’engagements et de renoncements. En témoigne, à sa façon, la timide réapparition d’une nouvelle forme de figuration comme empêchée, dans les années 1980 dont L’homme et la fleur de Bouchta El Hayani ou les toiles de Kacimi et Binebine pourraient être l’emblème.

Miloud Labied, Sans titre, 1979-1980, huile sur toile, 150 x 194 cm. Collection du Ministère de la Culture.

Comme dans toute collection, les chefs d’œuvres côtoient des travaux plus anecdotiques. Mais ne serait-ce que pour cette toile Sans titre de 1974 de Chabâa à l’abstraction géométrique foisonnante ou pour cette œuvre Sans titre de 1987 de Bellamine dans laquelle la superposition de couleurs crée un effet de profondeur quasi mystique : l’exposition vaut le détour ! Une rare sculpture de Houssein Miloudi, Approche lumineuse, datée de 1993, 2008 et 2014 montrant une momie éventrée à l’intérieur d’un sarcophage est l’occasion pour l’artiste d’explorer à partir de dessins en miniature la délicate frontière séparant la figuration libre des contraintes de l’abstraction ; ligne de crête que la peinture marocaine semble avoir côtoyé pendant plusieurs décennies.

Olivier Rachet

« Les peintres marocains dans les collections nationales, de Ben Ali R’bati à nos jours », Musée d’art moderne et contemporain Mohammed VI, Rabat, jusqu’au 15 décembre 2020.
Visuel en couverture : Mohamed Chabâa, Composition, 1993, huile sur toile, 146 x 136 cm. Collection du Ministère de la Culture.
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