Le Musée Mohammed VI crée l’événement en accueillant la première rétrospective d’Alberto Giacometti en Afrique. Plus de 100 œuvres – dont certaines inédites – et photographies d’époque issues de la Fondation Giacometti dressent un panorama de l’œuvre de cet artiste prolifique, qui a marqué l’art du XXe siècle. De L’Objet désagréable à L’Homme qui marche, du surréalisme à l’influence décisive de l’Afrique sur l’œuvre de Giacometti, l’occasion est donnée de plonger dans les grandes révolutions plastiques des avant-gardes.
Jusque-là, quand on entendait parler d’Alberto Giacometti au Maroc, c’était l’écho de ses records stratosphériques de vente aux enchères. En 2010, la sculpture L’Homme qui marche I avait été adjugée à plus de 80 millions d’euros chez Sotheby’s Londres. Mais c’est en 2015 à New York qu’un Giacometti a définitivement crevé le plafond : la maison Christie’s adjugeait en trois minutes son Homme au doigt à près de 127 millions d’euros, aux côtés d’un des derniers Picasso conservés dans une collection privée, parti pour 161 millions… ce qui en fit respectivement la sculpture et la peinture les plus chères jamais vendues aux enchères.
Au-delà de ces sommes astronomiques et de ces évènements de marché, Giacometti est avant tout une figure des avant-gardes européennes. C’est aussi tout un symbole : suisse, d’origine italienne, émigré à Paris dans les années 20, fuyant la guerre dans les années 40 et très actif dans la mouvance parisienne jusqu’à sa mort en 1966, il cristallise les principales révolutions plastiques de l’époque.
Giaco, Sartre, Cocteau et les autres
D’abord influencé par son père dont il suit l’enseignement postimpressioniste, il a traversé les principaux courants de l’entre deux-guerres qui ont fondé la peinture et la sculpture modernes : le cubisme marque ses premières œuvres. Puis c’est auprès d’André Breton et du groupe des surréalistes qu’il entre dans l’histoire avec sa Boule suspendue (1930-31) et ses « objets à fonctionnement symbolique », faisant émerger la forme de la cage qui ne le quittera plus, de la sculpture éponyme de 1949-50 jusqu’à ses œuvres peintes et dessinées où il enserre ses modèles favoris.
La rétrospective du MMVI permet de retrouver tous ces chefs-d’œuvre fondateurs. Mais elle comporte surtout une section inédite, avec une thématique encore jamais abordée dans une exposition dédiée à l’artiste : l’influence déterminante de l’Afrique sur Giacometti, qui donnera naissance à ses fameuses silhouettes en marche. Les arts premiers et égyptiens qu’il découvre au Louvre, entre autres, ont façonné son imaginaire et sa représentation de la forme humaine. La tête plate de sa Femme cuillère et son Couple (1927) lui valent de rentrer dans le cercle fermé des meilleurs artistes et intellectuels de son temps.
La très riche documentation photographique de l’exposition du MMVI rappelle les liens étroits que Giacometti a noué avec Jean Cocteau, Michel Leiris, Aimé Maeght et le marchand Pierre Matisse qui lança son œuvre aux États-Unis. Mais aussi Sartre et Beauvoir, Jean Genet ou Robert Doisneau qui le photographia beaucoup dans son atelier, notamment par un cliché fameux où l’artiste est immortalisé en marche tel ses célèbres sculptures. Et puis il y eut Picasso bien sûr, dont le musée parisien prévoit une exposition croisée avec les œuvres de Giacometti en octobre prochain.
Pourquoi au Maroc ?
Picasso et Giacometti à Paris, cela tombe sous le sens. Mais pourquoi une rétrospective Giacometti au Maroc ? […]
Ce dossier a été réalisé en partenariat avec la Fondation Nationale des Musées. Retrouvez la suite de l’article dans le numéro 33 de Diptyk Magazine.
Rétrospective Giacometti, Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain
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