L’artiste algérien présente le fruit de son travail sur les bijoux ruraux berbères réalisés à partir de pièces de monnaie étrangères, symboles de la réappropriation d’un système de domination. Un matériel d’archives présent dans l’exposition questionne les allers-retours entre les théories du Bauhaus et le projet de modernité au Maroc.
Kader Attia poursuit ses recherches sur l’appropriation de biens culturels dans les collections muséales ethnographiques, qui a connu son apogée pendant les expansions coloniales et la Première Guerre mondiale. Pour ce nouveau projet, l’artiste propose une réflexion sur les bijoux ruraux berbères qui intègrent dans leur production des monnaies étrangères. En mettant en oeuvre la dévaluation symbolique des monnaies, Kader Attia rend visible la réappropriation d’un système de domination en désamorçant la charge de pouvoir symbolique qu’on lui confère par un phénomène d’« anthropophagie » (Oswald de Andrade) sociale et culturelle. La question du positionnement face à un héritage visuel en situation coloniale – ouvrant la voie à différentes attitudes : traduction, réappropriation, rupture, détournement etc. – est également posée dans le matériel d’archives présenté dans l’actuelle exposition au Cube – independent art room.
LE BAUHAUS A CENT ANS
Ces recherches, faisant état de deux ans de travail sur le terrain passés à questionner les échanges entre les théories de la modernité au Maroc et en Allemagne, s’appuie sur deux corpus en particulier : l’école de Casablanca (1962-1972) et le projet dit des « Intégrations » mené par le cabinet d’architectes Faraoui et de Mazières. Plusieurs ramifications sont à penser entre l’école du Bauhaus (1919-1933) et ces deux objets d’étude. L’émergence en premier lieu de nouvelles pédagogies expérimentales menées par le « groupe de Casa » (Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Mohamed Melehi, Toni Maraini, Bert Flint), à l’instar du programme pédagogique du Bauhaus, tend à abolir les frontières entre les beaux-arts et les arts dits mineurs dans une portée antiacadémique. […]
Maud Houssais
L’article est à retrouver intégralement dans le numéro 43 de diptyk, sorti en Avril.