La prestigieuse foire parisienne fait la part belle aux mastodontes de l’art contemporain. Une question cependant : où est passée la scène africaine ?
Pour sa 42e édition qui aura lieu du 22 au 25 octobre, la Fiac accueille sous la nef du Grand Palais 175 galeries issues de 23 pays. Sans surprise, les grosses pointures – Perrotin, Galleria Continua, Hauser & Wirth – se hissent aux premières loges. Et ce sont les artistes les plus cotés sur le marché de l’art qui en bénéficient.
Gagosian annonce ses plasticiens stars : Bruce Nauman, Jeff Koons, Takashi Murakami ou Anselm Kiefer, très présent pour cette édition. Et pour cause, une rétrospective est consacrée à l’artiste allemand au Centre Pompidou en décembre. Dans cet ensemble somme toute très balisé, la galerie Kamel Mennour (Paris) tire son épingle du jeu en exposant deux artistes prometteurs : Hicham Berrada dont les rêveries botaniques ont déjà séduit la Biennale de Lyon (lire l’article dans Diptyk #30 p.78) et Zineb Sedira. Cette dernière est nommée (avec Davide Balula, Neil Beloufa et Melik Ohanian) pour le Prix Marcel Duchamp 2015, dont le lauréat sera dévoilé pendant la foire, le 24 octobre.
De même, la galerie parisienne Xippas saluera le très beau travail de Farah Atassi (nommée pour le Prix Marcel Duchamp 2013). L’artiste belge d’origine syrienne proposera un grand format, Zig Zag, tout en ornements géométriques rouges et beiges.
OFFICIELLE, LA « SISTER FAIR »
Prolifique, le programme de la Fiac 2015 l’est assurément. C’est peut-être là que le bât blesse. Dans ce foisonnement, l’absence de la jeune scène africaine, pourtant sacrée à la Biennale de Venise et à la Fondation Cartier, fait l’effet d’un camouflet.
Seule la galerie d’André Magnin (Magnin-A, Paris) s’en fait le porte-voix à Officielle, « sister fair » de la Fiac, organisée à la Cité de la Mode et du Design. Plus axé sur la création contemporaine émergente, ce deuxième espace d’exposition revendique un ton différent, prêt, selon les sources officielles, à « explorer de nouveaux territoires ». Ce parti-pris devrait favoriser les scènes encore marginalisées par les grand-messes internationales.
Il n’en fallait pas plus à André Magnin qui convoque ses incontournables, comme le Congolais Chéri Samba ou le Mozambicain Gonçalo Mabunda, aujourd’hui reconnu pour ses masques confectionnés avec des armes recyclées. Omar Victor Diop présentera son travail autour des figures oubliées de la diaspora africaine sous la forme d’autoportraits finement théâtralisés.
Par Emmanuelle Outtier
Fiac et Officielle, Grand Palais et Cité de la Mode et du Design Paris, du 22 au 25 octobre 2015