Comme les artistes modernes au XXe siècle, la collection du Centre Pompidou s’apprête à traverser le détroit de Gibraltar. Elle rejoindra les cimaises du MMVI à Rabat pour un hommage à l’espace méditerranéen, terre de lumière mais aussi d’avant-garde.
« Aller dans le Sud, c’était faire un pèlerinage aux sources de la peinture cézanienne », précise Christian Briend, le commissaire de l’exposition « La Méditerranée et l’art moderne », en évoquant les peintres fauvistes et cubistes du début du XXe siècle. Nombreux sont les artistes, dans les années 1905, à avoir été attirés par un Sud mythique, aux couleurs chatoyantes et à la lumière édénique. De Signac, peintre néo-impressionniste, précurseur du fauvisme, à Braque qui se disait saisi par la lumière méditerranéenne, même après la pluie. Cette volonté de dépaysement a conduit des peintres majeurs, tels que Picasso, Bonnard ou Matisse, à se retirer définitivement dans le Midi de la France « pour vivre une vie plus libre », loin des tracas de la vie urbaine. La section consacrée aux « Ateliers du Midi » présente des toiles somptueuses telles que L’atelier au mimosa de Bonnard, « une peinture qui éblouit le spectateur par sa composition chromatique », souligne Christian Briend, ou Grand intérieur rouge de Matisse, oeuvre majeure de la Collection Pompidou. On sait aussi qu’après Delacroix, beaucoup de peintres ont eu à coeur de traverser la Méditerranée, mais ils représentaient souvent « des paysages pas si éloignés des paysages européens », reconnaît le curateur de l’exposition. La question de l’orientalisme était d’ailleurs secondaire chez ces artistes qui s’intéressaient davantage aux intérieurs, à l’image de Dufy. L’Algérienne de Matisse, toile de 1909 qui sera montrée dans la section « Exotismes », a d’ailleurs été entièrement peinte à Paris, à partir de tissus rapportés du Maroc. Kandinsky lui-même, dans les toiles qu’il consacre à la ville de Tunis, peint « dans le style dans lequel il peignait les paysages russes. »
UN FOYER DES AVANT-GARDES
L’un des enjeux majeurs de cette exposition, en apparence hétéroclite, sera aussi de rappeler que l’espace méditerranéen fut, au XXe siècle, un des principaux foyers des avant-gardes. Du groupe Supports/Surfaces, apparu dans les années 1960 autour d’artistes le plus souvent originaires du Midi de la France tels que Viallat ou Cane, en passant par les membres fondateurs du Nouveau Réalisme, niçois pour la plupart ; sans oublier le foyer catalan autour de peintres incontournables tels que Dalí, Miró ou Tápies, la Méditerranée fut l’un des centres névralgiques les plus prolifiques de la seconde moitié du XXe siècle. En témoigne le Festival de l’art d’avant-garde qui a eu lieu à Marseille en 1956 et qui fait l’objet d’une section à part entière. Il s’agissait, précise Christian Briend, d’un « cas assez unique qui réunissait tous les arts. » On y découvre des oeuvres rares de César ou de Soulages, ainsi que des photographies montrant Maurice Béjart répétant sur les toits de la Cité radieuse, conçue par Le Corbusier, plus connue sous le nom de « la maison du fada ». […]
Olivier Rachet
L’article est à retrouver intégralement dans le numéro 43 de diptyk, sorti en avril.
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