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Lettres ouvertes à toutes propositions

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L’Institut des cultures d’Islam propose aux visiteurs parisiens de redécouvrir le potentiel créatif de l’art calligraphique jusque dans ses détournements les plus inventifs.

 

De la calligraphie au street art, il n’y a qu’un pas. C’est en tout cas ce que suggère l’exposition « Lettres ouvertes » à l’Institut des cultures d’Islam (ICI), qui décloisonne cet art sacré pour montrer comment les artistes contemporains se l’approprient. Le choix des oeuvres exposées permet de comprendre, tout d’abord, la double importance du geste et de la matérialité de l’écriture. Lorsqu’elle est prise en charge par de véritables artistes, la calligraphie est tout sauf une ornementation. Ainsi Rachid Koraïchi, secondé par le calligraphe Hassan Massoudy, met en images et en lettres un poème de Darwich consacré à l’exil. Les encres sur toile du plasticien tunisien Nja Mahdaoui combinent calligrammes et graphèmes en une rosace merveilleuse. Cet art du geste conduit, de son côté, la chorégraphe américaine Heaser Hansen, dans la vidéo Emptied gestures, à écrire à même le sol avec son corps.

 

CARACTÈRES DE L’EXIL

 

Les thèmes de l’exil et des migrations apparaissent en filigrane tout au long de l’exposition. En faisant appel à de nombreux artistes iraniens ou européens, l’ICI rappelle combien l’art calligraphique ne se limite pas au monde arabe, mais innerve tous les arts de l’Islam. Hossein Valamanesh, dans une oeuvre intitulée Where do I come from ?, redessine un planisphère en y insérant des vers du poète persan Rûmi, qui disent à la fois la proximité et l’éloignement propre à toute langue déracinée. Pièce maîtresse de l’exposition, l’installation de Parastou Forouhar, Written room, se présente sous la forme d’une chambre recouverte du sol au plafond de signes calligraphiques. Des balles de ping-pong que le visiteur piétine ou dont il est invité à s’amuser, rappellent combien toute

langue est volatile. La dernière partie de l’exposition, « L’autorité en question », revendique une approche plus subversive et poétique de l’art calligraphique. Emblème du pouvoir – parmi les nombreux styles existants, le coufique reste associé à un usage administratif et religieux –, la calligraphie peut aussi être détournée de ses fonctions premières pour dire la violence symbolique qui s’exerce à travers l’écrit. Autorités religieuses, judiciaires ou politiques contre lesquelles le street artist égyptien Ammar Abo Bakr oppose sa virtuosité graphique. Ses fresques murales réalisées aux abords de la place Tahrir, en pleine révolution égyptienne, l’ont rendu célèbre dans le monde entier. […]

 

Olivier Rachet

 

L'article est à retrouver intégralement dans le numéro 41 de Diptyk, actuellement en kiosque

 

 

 

 

(à gauche) Dessin de Hubert Haddad
(à gauche) Dessin de Hubert Haddad
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