Pendant la foire 1-54, Éric Van Hove exposera les nouveaux prototypes de sa vraie-fausse moto électrique, «Mahjouba». Il nous reçoit dans son atelier en compagnie de son équipe d’artisans.
« Eux, je les appelle les mercenaires de l’artisanat ! », annonce Éric Van Hove avec cet humour belge qui lui colle si bien à la peau. Eux, ce sont une dizaine d’artisans de Marrakech, où l’artiste est installé depuis cinq ans. Le contremaître Abdelkhader, surnommé Dragon, sculpteur sur bois, a édifié un véritable temple fait de bric et de broc au fond de l’atelier. Il est inséparable de Noureddine, le finisseur de la bande, « celui qui polit les pièces », précise Van Hove. Cette sympathique équipe brille par son caractère hétéroclite. On y trouve « des vieux maîtres de l’époque de Hassan II, des bisounours salafistes, d’anciens skateboarders » mais aussi un « bad boy de la médina, fan de kickboxing », Mustafa Jaouale, qui travaille le cuivre comme personne. Il y a aussi Mehdi Ghinati, qui se définit à la fois comme menuisier, designer et sculpteur : un artiste qui nous montre comment travailler le bois de citronnier en le faisant bouillir dans de l’huile de vidange.
Ces joyeux lurons sont partie prenante, depuis 2015, du projet « Mahjouba Initiative » qui consiste à construire à partir de matériaux recyclables (cuivre, bois, aluminium, acier, os de vache…) la première moto électrique marocaine, que Van Hove assimile d’abord à une oeuvre d’art. « Il s’agit d’insuffler aux artisans l’esprit d’entreprise afin qu’ils pensent la forme autrement. La révolution vient toujours par la forme », ajoute celui pour qui esthétisme rime aussi avec fonctionnalisme. Le modèle économique que Van Hove appelle de ses voeux se définit comme « post-fordiste » : non seulement toutes les pièces détachées seront recyclables, mais elles pourront être reconstruites à l’identique dans les souks par des artisans qui retrouveront la fierté de leur métier. […]
Article à retrouver intégralement dans Diptyk Magazine n°42