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Najia Mehadji : Le temps à l’oeuvre

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La Galerie L’Atelier 21 consacre sa première rétrospective à l’artiste marocaine qui vit entre Paris et Essaouira. Retour sur le parcours de cette patiente observatrice de la vie.

 

Depuis plus de trente ans, Najia Mehadji développe une démarche où corps, esprit et espace sont intimement liés. « L’univers dure. Plus nous approfondirons la nature du temps, plus nous comprendrons que durée signifie invention, création de formes, élaboration continue de l’absolument nouveau » disait Henri Bergson. Au milieu des années 80, l’oeuvre picturale de Mehadji se développe autour de la série Icares, métaphore de la liberté qui se traduit par de grandes plages colorées apposées sous des formes géométriques transparentes, comme prises en plein vol. Dans les années 90, Najia Mehadji débute une série de toiles intitulées Coupole, Rhombes, Mâ et Tem, sur des formes architecturales universelles comme la coupole, le chapiteau, la pyramide, dont l’inspiration lui vient des temples égyptiens et en particulier de l’Alhambra. Elle ne garde de ces architectures volumétriques que la structure et les arêtes. Elle en aplanit la forme qu’elle remplit ensuite d’un monochrome. Les couleurs qui dominent cette période sont le rouge, pour le trait, le noir graphite, le bleu et le blanc, opérant comme le révélateur d’une vision céleste. Ce qui intéresse l’artiste, c’est le temps, le passage du terrestre au céleste : « La coupole est une sorte d’intermédiaire entre l’humain et le cosmos, et sa forme semi-sphérique est à la fois voluptueuse et spirituelle. » 

Transition entre le milieu des années 90 et 2000, les oeuvres Souira, Cordoba, Chaosmos, peintes au stick à l’huile jaune d’or, sont d’une énergie puissante et créent un véritable lien entre matière et univers. Dans les oeuvres de la dernière décennie, à partir de 2001 et jusqu’à aujourd’hui, elle entame sa période liée au végétal, à l’élément floral, aux arborescences, issue d’une longue observation de fleurs d’amandiers et de grenades. Le végétal intervient dans sa vie comme dans son oeuvre pour son flux vivifiant, qu’elle traduit par de longs traits jaillissant comme une sève de l’espace de la toile. Pris comme motif à part entière, le floral/végétal devient un « abstract floral ».

Sans dessin ni contour


Elle aborde directement la toile brute avec un stick épais à l’huile, d’une seule couleur, spécialement fabriqué pour elle par des artisans de la couleur à Paris. Le trait plein est directement projeté sur la toile, sans dessin ni contour. Au-delà de la performance technique, cette approche demande une grande concentration et ne tolère aucun débordement, ce qui explique la précision du trait dans presque toutes les oeuvres datées de cette période.

L’oeuvre se regarde comme un tout où le plein est aussi important que le vide.

 


« 20 ans d’oeuvres » Najia Mehadji, Galerie L’Atelier 21, Casablanca, du 17 mars au 22 avril 2015.

Vous pouvez lire la suite de cet article dans le numéro #27

Enroulement #8, 2013, acrylique sur toile, 195 x 170 cm
Enroulement #8, 2013, acrylique sur toile, 195 x 170 cm
Le Centaure (détail), 1983
Le Centaure (détail), 1983
Compression verre Coca-Cola, Circa 1990
Compression verre Coca-Cola, Circa 1990
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