Pour finir l’année, la Galerie 38 poursuit sur sa lancée des rétrospectives en proposant l’œuvre de Tallal et en ouvrant un nouvel espace à Marrakech. Entretien avec Simo Chaoui, son fondateur.
1- Pourquoi des rétrospectives?
La Galerie 38 n'est ni la première ni la dernière à proposer des rétrospectives. Nous avons la chance de côtoyer la première génération d'artistes marocains. Lorsque nous avons ouvert la galerie, nous souhaitions faire découvrir les grands maîtres de la peinture marocaine. Beaucoup d’entre eux que nous exposons, comme Hamidi, El Hayani, Bouragba, Radia Bent Lhoucine et en ce moment, Tallal, occupent une place majeure. Ces rétrospectives sont un cheminement qui permet de de raviver la mémoire du pays et revenir sur le passé de l'artiste à travers ses souvenirs, références et influences. A chaque fois, c’est une aventure passionnante, comme par exemple, lorsque nous exposons des œuvres d’artistes de la nouvelle génération, je pense à Fatiha Zemmouri, ou lorsque nous mettons l’accent sur des artistes étrangers de renommée internationale.
2- Comment préparez-vous ces rétrospectives ?
Elles se font en lien étroit avec les artistes. Nous allons chez eux, dans leur atelier, passons des heures ensemble, revenons sur les différentes périodes de leur œuvre, rassemblons les tableaux… Nous avons pu faire redécouvrir des artistes en présentant des œuvres majeures qui n'avaient pas été vues depuis 20 ou 30 ans. Monter une rétrospective, c'est raconter une histoire, celle d'une vie et d'une vocation. L’accrochage aussi est une étape capitale. Notre espace permet de créer des ambiances et présenter les différentes périodes de l’œuvre, par ordre chronologique ou par thèmes. Je peux passer des nuits et des jours entiers au moment où nous accrochons les œuvres, rien n’est laissé au hasard, l'adrénaline monte jusqu’au vernissage! Le catalogue est aussi un support important. Nous y approfondissons la démarche grâce aux textes de critiques d'art. C’est tout un travail : regrouper la matière première, les textes, mais aussi les illustrations qui présentent l'artiste dans son intimité à travers des moments forts, ses proches.
3- Parlez-nous de celle en cours, consacrée à Tallal ?
Il fut le plus jeune peintre à avoir reçu le Grand Prix du Salon d'Hiver du Maroc en 1965, il avait 23 ans. Concours où plus de 160 artistes résidents au Maroc étaient en compétition. Depuis, il continue avec la même sincérité et la même passion. Avec l'exposition « Hossein Tallal. Au delà de l'œuvre », on découvre des œuvres sur papier des années 70, qui sont très rares ; la série du Cirque oublié et celle des Personnages imaginaires. Son œuvre, habité de personnages fantasques auxquels on ne peut rester insensible, est un univers enfantin et romantique. Cette exposition présente également les nouveaux travaux de l'artiste, son hommage à Toulouse Lautrec à qui il dédie une série de grands formats, des personnages en noir et blanc et couleurs qui animent les toiles de leurs acrobaties.
4- Pourquoi avoir ouvert une autre adresse à Marrakech avec la BCK Gallery ?
La vocation de la BCK Art Gallery est de démocratiser l'art. Dans ce projet, Fihr Kettani et moi-même sommes associés avec Driss et Ahmed Bennani du groupe Hivernage, tous deux également passionnés d'art, dans le but de participer au dynamisme culturel du pays. Marrakech est une ville que nous aimons, de nombreux artistes marocains et étrangers y résident, d'importants projets s’y développent, il est naturel pour nous d’y être présents. Nous allons y exposer des artistes marocains, confirmés et émergents, mais aussi des artistes étrangers. La BCK Art Gallery est située en plein Guéliz, actuellement ce sont les œuvres du street-artist américain, Alec Monopoly, qui accrochent le regard des passants, notamment avec une œuvre de 3 x 2 m représentant Mickael Jackson. C’est notre manière de rendre l’art accessible à tous.
Syham Weigant