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RENCONTRE AVEC ALAIN MINGAM: SAISONS REVOLUTIONNAIRES

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Reporter-photographe et commissaire d’une exposition qui s’est tenue à l’Hôtel de Région à Marseille au printemps 2012, Alain Mingam a mené la conférence « Printemps arabes, images révolutionnaires, révolution dans l’image » en mars dernier à Casablanca.

Vous avez regroupé une somme d’images considérable sur les soulèvements arabes depuis 2011. Comment avez-vous fait la différence entre photographes professionnels et photos d’anonymes ?

Oui, j’ai vu des milliers d’images. Le « Printemps arabe » a donné lieu à des reportages professionnels très forts. Tous les photographes occidentaux et arabes ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Mais le « Printemps arabe » c’est aussi l’émergence d’un phénomène de journalisme citoyen, notamment en Syrie où les visas de presse étaient impossibles à obtenir. Les anonymes ont d’abord remplacé les photojournalistes, et certains photographes locaux sont devenus correspondants de médias étrangers. La meilleure image, professionnelle ou anonyme, est toujours celle qui signifie quelque chose d’important sur un moment crucial, en conjuguant sens de la lumière et cadrage, pour transmettre la meilleure information.

Le Printemps arabe a permis la reconnaissance de photographes arabes inconnus, qui sont aujourd’hui sollicités dans de nombreuses expositions. Lequel retenez-vous ?

Les révolutions ont souvent révélé de grands photographes. Concernant les pays arabes aujourd’hui, le Tunisien Hamideddine Bouali a été une révélation parmi tant d’autres. Sa démarche est intéressante car c’est un semi professionnel qui s’inscrit dans un schéma de photo documentaire. Il a récemment révélé une facette plus plasticienne de son travail qui est pour moi complémentaire de son talent de documentariste.

La photo de reportage flirte aujourd’hui avec la photo artistique, dans les galeries, les foires internationales, les livres d’art… Une frontière dangereuse, selon vous ?

Le métier de photojournaliste connaît une crise grave. Les mondes de l’édition et des expositions sont devenus des « Samu » obligés d’un photojournalisme à l’agonie. Comme les journaux financent de moins en moins de reportages, les photographes espèrent maintenant vendre en galerie. Certains photoreporters – heureux élus méritants – sont d’ailleurs répertoriés dans des collections et cotés très cher, mais sur la foi de critères artistiques sans concession. C’est un marché nouveau, certes de référence, mais tous les reporters ne peuvent pas vendre en galerie. Par ailleurs, ce ne sera jamais la même démarche de partir en reportage sur un sujet, avec en tête une publication de presse, puis un livre et enfin une exposition. Aujourd’hui, certains photojournalistes pratiquent la tendance inverse pour tenter de survivre. C’est là aussi une révolution en cours dans un métier en péril, accroché au mythe de sa période faste des années 80-90.

 

Propos recueillis par Marie Moignard

 

La conférence a eu lieu à Yellow Korner, Casablanca.

Pour connaître les dates d’ateliers, http://www.yellowkorner.com/galerie-casablanca.aspx

A lire : « Printemps arabe – Espoirs et réalités », catalogue de l’exposition à l’Hôtel de Région, 16 mars – 28 juin  2012, édition Région PACA.

www.printempsarabe.regionpaca.fr 

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