Comme des petits cailloux, Badr El Hammami sème des frontières sur son passage. D’un blanc éclatant, elles tracent un chemin vers la mer. Une voie que certains décident d’emprunter, une nuit, dans un secret lourd qui exclut les proches et les confidences. On ne les reverra plus, ni le lendemain, ni les jours suivants. Ils ont « coupé »* la mer comme Badr El Hammami découpe le paysage de ses petits cailloux, aussi braves mais illusoires que la tentative de lutter contre l’oubli.
Laisser des traces, oui, mais comment prolonger le souvenir au-delà de l’échéance ?
Cette photographie est cela : une mémoire vive, aussi longtemps que nous pourrons la voir, ici ou ailleurs.
*Traverser la mer se dit « couper la mer », en arabe dialectal.
Syham Weigant
Contemporary art from Africa and the Arab world Since 2009, published in Casablanca
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