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UN BON COLLECTIONNEUR ACHÈTE DU DESSIN

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Paris s’est transformée en capitale du dessin en mars et avril derniers avec des événements comme le Salon du dessin, la Foire Internationale du dessin, Chic Dessin et Slick. Le Carrousel du Louvre quant à lui vient d’accueillir la cinquième édition de « Drawing Now ». Unique foire au monde exclusivement dédiée au dessin contemporain, elle a regroupé 83 galeries françaises et une vingtaine d’européennes, notamment suisses, belges et allemandes. Cinq galeristes de « Drawing Now » esquissent pour diptyk les contours du dessin et de son marché, et l’un des grands experts du domaine, Pierre Cornette de Saint Cyr, nous parle de son expérience et dévoile quelques règles essentielles pour tous ceux qui voudraient constituer une collection.

Entretien avec Pierre Cornette de Saint Cyr, commissaire-priseur

Acheter du dessin ? Mode d’emploi

C’est irréversible, le dessin prendra une place essentielle sur le marché de l’art. Pour acheter, il faut regarder la toute jeune création, former son goût, apprendre à sentir quels seront les grands artistes de demain. Conseils d’un expert.

Né au Maroc, vice-président du Palais de Tokyo, le commissaire-priseur et fondateur de la maison de ventes Cornette de Saint Cyr expose à «Drawing Now » son musée imaginaire du dessin des années 1950 à nos jours. Il se bat aujourd’hui pour redonner ses lettres de noblesse à l’art contemporain français et se passionne pour la création numérique. 

Quelle est votre histoire avec le dessin ?

Vous avez devant vous un névrosé obsessionnel ! J’ai acheté mon premier dessin ancien quand j’étais étudiant, pour le mariage d’un ami, une sanguine de François  Verdier, le collaborateur de Lebrun à Versailles, acquise à l’époque pour une somme modique. J’ai été tellement ému par cet achat que j’ai gardé le dessin et offert à mon ami une pelle à tarte ! C’est à partir de là que ma névrose a commencé. Quand les dessins anciens sont devenus inachetables, les grands cabinets américains constituant leurs collections, j’ai décidé, en tant que commissaire priseur, de me plonger dans la photographie et de lancer le marché, il y a trente ans, en créant une association avec quelques galeristes. J’ai fait mes premières ventes de photo avec Jean-Luc Monterosso [directeur artistiquede la Maison Européenne de la photographie à Paris, ndlr]. J’ai négocié un espace à la FIAC avec Jobbé-Duval. Et quand la photo est à son tour devenue intouchable, je me suis tourné vers l’art contemporain.

Le premier dessin qui a compté pour vous et puis les autres ?

Un Basquiat. A l’époque, cela ne valait presque rien, à peine 500 dollars. J’ai été très ami avec Pierre Restany alors, évidemment, j’ai acquis les œuvres des Nouveaux Réalistes, des dessins de César, d’Arman, de Raymond Hains… Un bon collectionneur achète avant les autres. C’est un moteur passionnant. Il y a quinze ans, j’ai acheté les dessins des jeunes Chinois en disant à tous les collectionneurs : « Regardez bien la première génération d’artistes, c’est là que vous trouverez les Rauschenberg et les Warhol chinois du futur ». Aujourd’hui, le dernier pays émergent sur la scène mondiale, c’est la France ! Il faut acheter des artistes français. Ma guerre est de redonner à la France une place sur la scène internationale. Et depuis quelques années, je me passionne pour l’art numérique. Et tous les artistes numériques dessinent. Le dessin est à la base de tous les arts plastiques. Et c’est à partir de ce médium que j’essaye de comprendre tout le reste.

Aujourd’hui, quels jeunes artistes utilisant le dessin regardez-vous de près ?

D’un côté, je m’intéresse aux artistes français et je suis particulièrement l’équipe de la galerie Loevenbruck : un groupe d’artistes qui pourrait devenir un mouvement artistique. J’ai ainsi acquis des dessins de Bruno Peinado, de Virginie Barré, de Stéphane Sautour, de Philippe Mayaux. Puis, je me passionne pour les artistes du monde entier qui travaillent sur toutes les nouvelles technologies, les jeux vidéo, les films d’animation, l’art numérique. L’un des premiers a été Fred Forest. J’essaye de comprendre comment ils fonctionnent, comment ils utilisent les outils qui changent le monde. La terre est devenue une sorte de réseau, de cerveau global et nous sommes des neurones qui envoient des informations. Je prépare actuellement des ventes d’art numérique avec deux pôles : l’un consacré aux artistes de films d’animation et de jeux vidéo représentés par la galerie Art Ludique à Paris, et l’autre dédié aux grands artistes qui créent avec l’ordinateur. Comme pour la photographie, j’ai fondé une association. Je prépare une vente avec tous les grands comme Miguel Chevalier, Electronic Shadow, les Américains aussi. Les arts numériques sont la prochaine étape de l’art mais ils ne supprimeront ni la peinture, ni la sculpture, ni le dessin. La première pensée, quel que soit le domaine, commence par un dessin. Au Palais de Tokyo, à Paris, on fait d’ailleurs travailler les artistes et les scientifiques ensemble. Ce qu’il y a d’intéressant aujourd’hui, c’est la rencontre de l’habileté et des nouveaux outils. La main plus l’ordinateur.

Qu’allez-vous présenter à « Drawing now » dans votre musée imaginaire ?

Je propose une promenade dans la création contemporaine depuis la deuxième partie du XXe siècle avec les artistes qui ont fait évoluer le cours de l’histoire de l’art : Robert Combas, Christo, Giuseppe Penone, Robert Longo, Sol Lewitt, Antoni Tapiès. J’ai rassemblé, en une trentaine d’œuvres, les artistes emblématiques vivants ou qui pourraient l’être. Je voue une admiration sans bornes à Yves Klein et je présente des dessins de Jean-Michel Basquiat, de César, de Roman Opalka, de Jannis Kounellis, d’Ilya Kabakov, et ceux d’artistes plus jeunes de la galerie Loevenbruck, notamment Bruno Peinado.

 

Lire l'intégralité de l'entretien dans Diptyk, numéro 10

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