Cet homme de néon rouge, qui est-il ? Il fait partie des silhouettes humaines dont Mohamed El baz parsème ses expositions, comme autant de figures de proue, et de vigies qui scrutent notre monde. Son corps est coupé en deux et il trône sur une caisse en bois dont on ne sait si c’est un piédestal ou un cercueil… Il lui manque un pied et les deux mains – comme mangés, déjà, par une force obscure – et il semble nous tourner le dos. Le plasticien, qui aime à dire que le « réel est un matériau qu’il faut habiter », n’a de cesse de chercher à saisir ce réel et à nous proposer une grille de lecture très personnelle du monde. Depuis 1993, il développe le projet « Bricoler l’incurable » (en référence à l’écrivain et philosophe Cioran qui, dans Les syllogismes de l’amertume, avance l’idée qu’« être moderne, c’est bricoler dans l’incurable »). Chaque exposition est un nouveau fragment du projet et intègre de la vidéo, des photographies et/ou des installations, que l’artiste nomme des détails. L’homme rouge en fait partie.
Olivia Marsaud