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Musée Yves Saint Laurent Marrakech : « Du désert naît le design »

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Le musée Yves Saint Laurent Marrakech expose une vingtaine de tapis réalisés par les tisserandes de la tribu des Aït Khebbach aux portes du Sahara. De véritables « oeuvres » collectées par le duo de paysagistes Arnaud Maurières et Eric Ossart. Interview avec le designer Younes Duret qui en a imaginé la scènographie.

D’où vient ce parti pris de montrer ces tapis comme des œuvres, loin de toute considération ethnographique ?

Quand Arnaud Maurières et Éric Ossart ont découvert ces tapis dans des habitations situées dans la région de Merzouga, ils ont été saisis par leur foisonnement de couleurs. Dans ce cas-ci, il est intéressant de remarquer que les notions de design et d’artisanat s’associent. Le tapis est un objet du quotidien. Contrairement au design assujetti à des normes limitant l’espace créatif, les tisserandes se sont exprimées librement et de manière intuitive avec les dimensions et les matériaux. On est indéniablement dans une logique de design, mais l’objet final est une œuvre qui a sa place dans un musée.

Comment avez-vous conçu la scénographie ?

Je me suis d’abord demandé s’il fallait privilégier la fonction, en les montrant horizontalement au sol, ou présenter l’œuvre, en les accrochant au mur. Je ne voulais pas être littéral en reproduisant l’espace de vie de cette tribu, mais plutôt jouer avec l’émotion de surprise. L’idée est de vivre une expérience immersive, de perdre ses repères pour comprendre d’où viennent les œuvres. La scénographie est donc conçue pour que les tapis émergent au centre de l’espace principal, posés sur une structure sans contact apparent avec le sol.

Le tapis peut-il encore être une source d’inspiration pour les artistes contemporains ?

Le travail de ces femmes est d’une telle spontanéité qu’il interroge sur l’acte de création. La création, n’est-ce pas l’aléatoire, par opposition à l’intellectualisation, même si elle a sa place en dernière intention ? L’esprit rationnel enseigné dans nos écoles, n’est-il pas dogmatique ? Cette exposition devrait être visitée par les écoles d’art et de design, parce qu’elle permet de revenir à l’essentiel. On sait que la création émerge du détournement, de l’observation, voire du néant. Ici, on apprend que du désert naît le design. Cette découverte a enrichi mon inspiration. J’ai donc imaginé la scénographie comme un parcours d’initiation au processus de création.

Propos recueillis par Laetitia Dechanet

Tapis Haga Oujil, Derkaoua © musée Yves Saint Laurent marrakech / Rachid Bouzidi
Tapis Mina BADI, Merzane © musée Yves Saint Laurent marrakech / Rachid Bouzidi

« Desert Design », Musée Yves Saint Laurent Marrakech, jusqu’au 8 octobre 2019.

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