Les marchés Sud Américains, Cuba, après le dégel, les cotes flambent

Share

Suite du feuilleton latino-américain entamé par ©Diptyk cet été. Le dégel des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, amorcé en 2014, a réveillé le marché de l’art cubain. Tandis que les artistes de l’île battent des records aux enchères, la création bouillonne dans de nouveaux lieux alternatifs, attirant de grandes galeries internationales.

La création cubaine ne saurait être réduite à ce qu’en perçoit le touriste en déambulant dans les rues de La Havane. Le réalisme socialiste cubain et les tableaux figuratifs souvent naïfs cachent une création foisonnante. Pour s’en convaincre, il suffit de pousser les portes du Musée national des Beaux-Arts de Cuba ou celles du Musée Wifredo Lam, puis de s’écarter de cette vision « officielle » de l’art, direction le pont du Vedado… C’est là que se trouve la Fábrica de Arte Cubano (FAC), une alternative unique, inimaginable à Cuba il y a quelques années. Réhabilitée par un collectif d’artistes, cette ancienne friche industrielle de 7 000 m2 attire aussi bien la jeunesse cubaine que le touriste de passage et l’amateur d’art éclairé. La Fábrica est devenu le hub arty de la Havane qui mixe happenings, expositions, musique, théâtre et bars. Les gérants du lieu programment leurs événements indépendamment du régime de Raúl Castro, évitant néanmoins les provocations trop politiques. Les propositions artistiques se diversifient surtout depuis 2014, année de l’inauguration de la Fábrica et de celle du Laboratoire d’art de l’artiste cubain Kcho dans le quartier de Romerillo. Mais 2014 est aussi l’année du discours prononcé par Barack Obama, alors favorable au ARTPRICE.COM dégel des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba. Ce discours d’ouverture encouragea des investisseurs étrangers déjà conquis par la position stratégique de Cuba entre les deux Amériques. Peu après l’annonce d’Obama, une première galerie internationale a fait le pari de s’implanter sur place : la galerie Continua a pris ses marques dans un ancien cinéma du quartier chinois fin 2015, en exposant de jeunes artistes cubains comme José Yaque, Alejandro Campins et Elizabeth Cervino. Continua a organisé plusieurs expositions d’envergure depuis, avec des œuvres de Pistoletto, Daniel Buren, Pascal Marthine Tayou ou encore Kader Attia. Cette implantation est un véritable pari sur l’avenir, sachant qu’il n’y a pas de marché de l’art véritablement structuré sur place (malgré les tentatives de Subasta Havana) et que les acheteurs sont rares, bien qu’une exception de l’embargo permette d’importer des œuvres cubaines.