Remarqué lors de la dernière biennale de Dakar, l’artiste béninois expose à Abidjan une nouvelle série sur l’orientalisme, cette fois.
Entrer par effraction est devenue l’une de ses spécialités. À la manière d’Ayana V. Jackson avant lui, Roméo Mivekannin détourne l’imagerie coloniale en substituant son visage aux modèles de l’époque. Pour son second solo show à la galerie Cécile Fakhoury à Abidjan, le peintre poursuit son inventaire de l’imaginaire occidental et s’empare, cette fois, du thème de l’orientalisme. Il s’immisce ainsi dans les toiles de Jean-Baptiste Ange Tissier, l’un des représentants de la peinture officielle sous le Second Empire. En choisissant de pasticher le peintre français, Mivekannin lie ouvertement représentation picturale et idéologie expansionniste de l’Europe du XIXème siècle. L’histoire de l’art est aussi une histoire de la violence symbolique, semble-t-il nous rappeler. Par cette disruption opérée au sein de ses toiles, Mivekannin interroge l’altérité altérée par le regard du dominant et nous oblige à reconsidérer une imagerie exotisante, un temps institutionnalisée, aujourd’hui en partie neutralisée, pour y déceler l’incongruité des stéréotypes qu’elle a participé à diffuser. Peut-être même pour en souligner la part de ridicule.
Emmanuelle Outtier