À Casablanca, la nouvelle génération imagine la ville de demain

Share

L’exposition « Imagine ta ville », fruit d’un concours lancé par la Fondation Attijariwafa bank l’an dernier, donne à voir les aspirations de jeunes artistes mais aussi d’amateurs autodidactes en un ensemble hétéroclite qui ne manque pas d’intérêt. 

Et si on confiait l’avenir aux artistes? C’est un peu l’idée de ce projet futurologue. Deux cents candidats issus de tout le territoire marocain ont participé à un concours de la Fondation Attijariwafa bank sous le commissariat de Ghita Triki. Vidéo, dessin, photographie, arts numériques, collage, animation… Artistes confirmés issus des écoles d’art de Casablanca et de Tétouan ou simples amateurs ont exprimé leur vision de la ville dans des œuvres certes disparates mais dont le jury a retenu le meilleur pour l’exposition « Imagine ta ville », actuellement visible à l’Espace Actua.

Vue de l'exposition « Imagine ta ville », espace Actua.

Conduit avec la rigueur qui caractérise cette Fondation, le processus du concours est un moment presque plus important que l’exposition de restitution. Véritable parcours de mentoring, il est l’occasion pour les candidats de s’exercer à la difficile méthodologie des appels à projets. On lit avec satisfaction certains textes qui accompagnent les œuvres comme celui, remarquable,  du photographe Mehdi Aidane « Nous nous rendons là où nous nous sentons bienvenus. C’est le chemin familier qui caractérise inévitablement la ville de Casablanca, de sorte que même ceux qui y débarquent des quatre coins du Royaume connaissent en quelque sorte leur destination et leur chemin. …, comme cet homme aveugle qui sait très bien où le guident ses pas, synonymes de familiarité et d’affinités avec son espace.» Voilà un texte de qualité qui pourrait figurer au statement d’un concours international.

De même, le concours est l’occasion de confronter la population scolaire (École des Beaux-Arts de Casablanca, Institut National des Beaux-Arts de Tétouan – INBA) à celle des autodidactes. Preuve s’il est de la qualité de l’enseignement de l’INBA, le premier prix revient tout naturellement à Salma Bahlaouane, diplômée de Tétouan pour son Casa Morphisme, une installation de réalité immersive qui s’intéresse au délicat sujet de la gentrification.

Vue de l'exposition « Imagine ta ville », espace Actua.

Urbanisation galopante et dystopies

Chaque époque nourrit son esthétique du futur. Les artistes de ce concours nous parlent d’urbanisation galopante comme ces vues dystopiques de l’artiste, doyen « hors catégorie » d’Essaouira, Pierre-Henry Guerard ou le dessin d’Abderrahmane El Bouazzaoui qui dit des bidonvilles qu’ils sont certes construits avec de la récup’ « mais aussi avec du coeur ».

Les candidats évoquent avec nostalgie les architectures du passé et les défauts qui font la saveur de Casablanca, comme les photographies en noir et blanc du déjà aguerri Adnane Zemmama. Enfin, sujet déjà bien traité mais toujours d’actualité, les artistes féminines parlent de confiscation de l’espace public comme cette installation de Meryem Karim, les fentes de Young, dont la faiblesse des dessins est rattrapée par une piste sonore qui mérite l’attention…

C’est malgré tout avec optimisme qu’on regarde ces représentations : celui de savoir qu’une jeunesse sait regarder sa ville bien en face. C’est par là que commence toute entreprise de reconstruction.

 

Meryem Sebti 

« Imagine ta ville », Espace Actua, Casablanca, jusqu’au 30 juin 2023.

2 Comments

b"asta binance h"anvisningskod mars 9, 2024 - 11:36 pm

Thank you for your sharing. I am worried that I lack creative ideas. It is your article that makes me full of hope. Thank you. But, I have a question, can you help me?

binance anm"alningsbonus mars 21, 2024 - 10:40 am

I don’t think the title of your article matches the content lol. Just kidding, mainly because I had some doubts after reading the article.

Post Comment