Abdessamad el Montassir fait résonner les silences du grand Sud

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Le plasticien expose à Paris ses nouvelles recherches autour des archives non-matérielles de sa région natale, le grand Sud du Maroc.

L’an dernier, Abdessamad El Montassir recevait la bourse ADAGP / Bétonsalon pour poursuivre ses investigations sur son grand sud natal. L’artiste originaire de Boujdour expose aujourd’hui à l’espace d’art Bétonsalon une grande partie des recherches qu’il mène depuis quelques années.

On connaît la grande subtilité de ce travail visuel où les étendues hermétiques du Sahara font écho aux plantes endogènes que l’artiste interroge comme témoins d’histoires oubliées ou tues, dont elles seraient les ultimes récipiendaires. Au fil des années, la dimension sonore dans le travail d’Abdessamad el Montassir s’est affirmée avec la volonté de donner voix aux archives non-matérielles de sa région. Dans sa nouvelle pièce Galb’Achalay, il s’associe au musicien Matthieu Guillin avec qui il avait déjà collaboré pour le fond sonore de l’installation Al Amakine.

À quatre mains, le binôme met en musique des extraits de poésie hassanie évoquant des lieux disparus. Une nostalgie viscérale semble poindre à la seule évocation de ces souvenirs perdus. Autant de mots qui échappent à la compréhension de ceux qui ne parlent pas cette langue mais là n’est pas l’essentiel. Au contraire. Ce sens insaisissable renvoie à la notion de perte, au centre de l’ensemble du travail d’Abdessamad el Montassir : perte d’un patrimoine culturel et de récits sous l’effet de l’amnésie collective qui touche les habitants du Grand Sud. L’artiste présente également son nouveau triptyque vidéo, Trab’ssahl, trois portraits d’hommes plongés dans leur quotidien baigné de silences.

Emmanuelle Outtier