[Actu] La tombe de Gharbaoui enfin retrouvée

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 Cinquante ans après sa disparition, la tombe de ce pionnier de l’abstraction a été retrouvée à Fès. Incompris de son vivant, l’artiste a reçu le 7 octobre les hommages officiels de son pays natal. 

Au moment même où se déroule au Musée d’Art Moderne et Contemporain Mohammed VI de Rabat l’exposition « Gharbaoui – L’envol des racines » et où vient de paraître l’ouvrage de Latifa Serghini Jilali Gharbaoui : le messager de l’exil, les autorités marocaines viennent de déposer une stèle commémorative sur la tombe oubliée d’un peintre méconnu de son vivant. « Il y a eu de l’errance jusque dans sa mort », témoigne le peintre Fouad Bellamine qui rend hommage aux recherches entreprises par la Fondation Nationale des Musées et le wali de la région de Fès-Meknès qui ont permis d’identifier la sépulture, grâce notamment aux souvenirs d’un des surveillants du cimetière Bab Ftouh de Fès. « Par ce geste symbolique fort, le Maroc ne réhabilite pas seulement Gharbaoui, commente Fouad Bellamine, mais l’art et les artistes marocains dans leur ensemble ».

Jilali Gharbaoui: Composition. 1956.gouache sur papier. 49,5x64,5. COLLECTION FONDATION AL MADA

Très ému lui-même, le Président de la Fondation Nationale des Musées, Mehdi Qotbi, reconnaît que cet hommage posthume représente aussi « une reconnaissance collective et artistique à l’égard d’un artiste-peintre d’envergure », venant réparer sans doute le mépris que subit Gharbaoui de son vivant et l’indifférence générale à l’annonce de sa mort sur un banc public parisien, en avril 1971. Tout en évoquant les différentes contrefaçons de l’œuvre de Gharbaoui, Latifa Serghini n’hésite pas à écrire dans son livre que l’artiste fut « abusé de son vivant, et profané après sa mort ». Alors qu’à Fès, comme le rappelle Fouad Bellamine, les cimetières dominent la ville et permettent aux « morts de veiller sur les vivants » ; avec cet hommage symbolique fort, les vivants veillent désormais aussi sur leurs morts.

Olivier Rachet