Balbzioui de retour d’Inde

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Fruit d’une résidence de deux mois au Kalhath Institute de Lukcnow, dans le nord de l’Inde, la dernière exposition de Yassine Balbzioui, conçue en collaboration avec des artisans-brodeurs, explore la plasticité d’un univers toujours aussi féérique.

Après avoir répondu à un appel à candidatures lancé par le programme de la Villa Swagatam initié par l’Institut français en Inde, Yassine Balbzioui est parti deux mois, d’octobre à décembre 2023, pour une collaboration avec 21 brodeurs de l’institut Kalhath de Lucknow, créé en 2016. « Au départ, je voulais travailler dans la continuité de la fresque murale réalisée à Rabat autour du recueil Kalila wa Dimna qui s’inspire de contes indiens », précise l’artiste. « Mais au final, je suis parti sans règle préétablie car ce que j’aime surtout c’est le jeu dans la fabrication même de l’art. »

Une partie de « ping-pong », pour reprendre ses mots, s’engage alors entre le peintre et les artisans, donnant lieu à des allers-retours continuels, que viennent compléter des esquisses réalisées chaque soir par l’artiste sur son iPad. Utilisant une encre acrylique proche de l’aquarelle, celui-ci laisse tout d’abord apparaître sur des toiles de lin non apprêtées des formes indistinctes qu’il invite ses compagnons brodeurs à prolonger ou à distordre. « Parfois le trait communique avec l’encre, parfois il la cache », précise Balbzioui, ajoutant que ce jeu l’intéresse surtout « concernant la plasticité de l’œuvre ».

Si la broderie relève d’un art du trait, l’art du peintre s’en éloigne ici, laissant la part belle à l’apparition arbitraire de formes et de motifs souvent féériques. Poissons, figures mi-humaines mi-animales cohabitent allègrement avec des personnages tout droit sortis de l’univers du cirque. Citant Paul Klee selon lequel « la ligne est un point qui est parti marcher », le peintre nous offre dans l’exposition présentée actuellement au Es Saadi Marrakech Resort-Palace, une déambulation plastique entre deux médiums qui communiquent ici avec gourmandise. Preuve s’il en était que la plasticité des imaginaires et des pratiques artistiques est toujours plus libre qu’on ne le pense.

Olivier Rachet

Exposition Yassine Balbzioui / The Kalhath Institute, Es Saadi Marrakech Resort-Palace, jusqu’au 9 mars 2024

1 Comment

user-837399 mai 16, 2024 - 6:30 am

awesome

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