Pour sa dernière vacation 2014, le leader casablancais des enchères sort 80 pièces rares pour des artistes que l’on croit connaître et en profite pour affiner la lecture de la période post-Indépendance
NORA IDALI
En décembre, le public attend toujours des ventes importantes et n’aime pas être déçu. Dans un contexte exigeant où les belles œuvres sont de plus en plus difficiles à trouver, et où les œuvres moyennes sont presque toutes ravalées, seules les maisons de vente bien implantées, capables de satisfaire autant le vendeur que l’acheteur, arrivent à tirer leur épingle du jeu. La CMOOA prépare donc pour sa dernière vacation de l’année un catalogue à la fois précis et puissant. L’objectif demeure aussi bien de faire de belles performances chiffrées sur les valeurs fortes du marché et de construire quelques nouvelles cotes mais aussi, d’une certaine manière, de combler les lacunes et d’enrichir la lecture des périodes récentes de l’histoire de l’art marocain.
Sarghini, une valeur à construire
Au programme des relectures historiques, il y aura cet artiste de Tétouan, mal connu et c’est injuste, dont la vacation propose un éclairage nouveau par une demie douzaine d’œuvres des années 47 à 57. « Il n’a pas été facile de convaincre la famille de l’artiste de déposer ces œuvres. Si nous y parvenons finalement c’est parce que nous avons la capacité d’apporter une lumière sur cet artiste de l’école figurative qu’est Mohamed Sarghini. Nos ventes ont aussi cet objectif », souligne Hicham Daoudi, P.D.-G. d’AHM.
La vacation se prépare aussi à affiner l’idée que se fait le public de la production artistique des années 1960 à 1980, avec notamment un zoom sur l’école de Casablanca. Nous trouverons par exemple une œuvre importante de Cherkaoui datée de 1961, marquée par le chromatisme, avant la période du signe.
1961, une année charnière
De la même année, une toile puissante de Gharbaoui, issue de la collection d’un ami de l’artiste vivant à Fès, devrait confirmer les performances de ce Moderne, presque toujours salué par de très belles performances aux enchères. Du même artiste, quelques papiers étonnants, marqués par une abstraction à la Pollock, révéleront un aspect peu connu de l’œuvre de Gharbaoui.
Star incontestée du marché moderne et contemporain, Melehi sera présenté par un très bel hommage à la Palestine, daté de 1971.
Bien entendu, on trouvera aussi, comme il se doit dans une vacation de fin d’année, une œuvre majeure de Kacimi des années 1980, dont les recherches menées par la CMOOA révèlent la parenté thématique avec un épisode relaté dans des lettres de l’artiste, où il s’indigne du blocage sinistre des individus aux frontières.
Un des clous de la vente sera sans doute cette « Mariée », huile sur toile grand format de Chaïbia, hors norme, qui trouvera preneur sans aucun doute auprès des amateurs d’art brut.
Quelques orientalistes
« Même s’il est assez difficile de faire émerger de belles pièces orientalistes ces derniers temps », souligne Hicham Daoudi, la vente en propose quelques unes, signées Edy Legrand, Abascal, Mantel ou Pontoy. On pourra vérifier avec ces quelques œuvres la vivacité de ce marché en dents de scie.
Au total, ce sont donc 80 œuvres qui seront mises à l’encan ce samedi de veille des fêtes, avec « des estimations basses régulières sur notre place », précise-t-on à la CMOOA.
Vente
CMOOA, hôtel des ventes
Rue Essanaani, Casablanca
20 décembre 2014