Édito #39

Portrait Meryem Sebti ©Denis Hedone

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Poètes au milieu de la guerre 

 

Dans ce numéro d'été, le dernier de la saison, on se fait plaisir : beaucoup d'images, beaucoup d'œuvres, beaucoup d'artistes, beaucoup de lieux… dans une accumulation baroque voulue et assumée. On se dit aussi naïvement que l'art peut sauver le monde.
Dans la campagne de Marrakech, on est allé débusquer celui que certains appellent déjà le Bas- quiat marocain : l'énigmatique Mo Baala. Déjà un nom de star et un sens inné de la punchline. « Je dessine contre la confusion, pour ne plus avoir peur », « Je me sens comme un poète au milieu de la guerre, cerné par le danger de sa propre vie », « Faire la guerre pour sauver des vies ? Moi je ne veux rien sauver du tout. Je suis un spectateur adulte qui voit, qui sent, qui questionne et qui transforme. » 

Feuilletez ces pages et attardez-vous sur le portfolio de Doukkane, les monochromes de Gha- zali, les portraits de Chehata, la réflexion de Fakhir, les dessins de Zerrou, les œuvres de Rahmoun et Touloub présentées à Venise… Tous parlent de peurs, d'abandon, de douleur, de manque, de privations, d'injustice, mais leurs œuvres résilientes disent comment en a triom- phé la pratique artistique. 

C'est aussi, vous le découvrirez dans notre reportage à Venise, ce qu'a voulu matérialiser la curatrice de cette 57e biennale dans son exposition à l'Arsenal « Viva Arte Viva ». Beaucoup de textile, de fils, de tricot, de tapis, de couleurs et d'œuvres participatives, comme celle de l'artiste taïwanais Lee Mingwei qui propose aux visiteurs d’apporter leurs vêtements à derepriser, pour leur éviter de sombrer dans la perte et le néant de l’oubli.
Bel été à la lecture d'un numéro qui a voulu remettre le plaisir de l'art au centre de nos préoccupations. 

 

Meryem Sebti 

 

Directrice de la publication et de la rédaction