Joël Andrianomerisoa a conçu une forêt de papier, un labyrinthe fragile et complexe, comme nous le rappelle Deleuze : « Un labyrinthe est dit multiple, étymologiquement, parce qu’il a beaucoup de plis. Le multiple, ce n’est pas seulement ce qui a beaucoup de parties, mais ce qui est plié de beaucoup de façons. » Ces multiples façons pourraient figurer les multiples personnalités ou les multiples incarnations qui se déclinent, j’ai failli écrire dévoilent, à travers une œuvre. Il n’est pas d’essentialité à rechercher, mais au contraire, accepter l’invitation à rencontrer une complexité à l’œuvre. Une complexité qui se dévoile comme telle, malgré ou à cause de sa théâtralité. Quelque chose de baroque : « Le baroque ne renvoie pas à une essence, mais plutôt à une fonction opératoire, à un trait. Il ne cesse de faire des plis. Il n’invente pas la chose : il y a tous les plis venus d’Orient, les plis grecs, romains, romans, gothiques, classiques… Mais il courbe et recourbe les plis, les pousse à l’infini, pli sur pli, pli selon pli. Le trait du baroque, c’est le pli qui va à l’infini. Et d’abord, il les différencie suivant deux directions, suivant deux infinis, comme si l’infini avait deux étages : les replis de la matière, et les plis dans l’âme. »
Et Joël, en funambule aguerri, oscille sans cesse entre ces deux univers, remettant à chaque fois, sur le métier, la même fougue, la même passion, la même incertitude. La matière est un domaine qu’il explore depuis des années, tissant, déchirant, pliant et repliant.
Ce texte est également publié dans I’ve forgotten the night, monographie sur Joël Andrianomearisoa publiée par les éditions Revue Noire à l’occasion du pavillon de Madagascar à la 58e Biennale de Venise.