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Que voir à Marrakech pendant la nuit des galeries ?

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Pendant la 1-54, les galeries de la ville ocre ouvrent leurs portes le temps d’une nocturne ce jeudi 9 février, de 17 à 21 heures. Petit tour d’horizon des expos à découvrir. 

Khadija El Abyad, - Déesse/Dieu (détail), 2022, henné sculpté, 250 x 300 cm

Malhoun 2.0, réconcilier l’art et l’artisanat ?

Moment fort de l’édition 2020 de la 1-54, Malhoun 2.0 proposait un ensemble d’oeuvres issues de la collaboration entre artistes contemporains et artisans. On se souvient notamment de l’installation Nakhla-Nakhla (palmier-palmier) de Younès Rahmoun, composée de cuivre, de métal et de béton, qui est réactivée cette année pour la seconde édition de ce projet collaboratif. Porté par l’atelier Fenduq du plasticien belge Éric Van Hove, Malhoun 2.0 entend en finir avec l’opposition stérile, datant de l’époque coloniale, entre art et artisanat. L’exposition « La Promesse de l’empreinte » présentée aujourd’hui réunit plusieurs artistes qui remettent le travail de la main au centre de leur pratique, comme Khadija El Abyad, M’barek Bouhchichi, Nabil Himich ou encore l’artiste palestinienne Jumana Manna. Selon Phillip Van Den Bossche, codirecteur du projet, il s’agit toujours de « subvertir les hiérarchies traditionnelles dans les arts » tout en défendant « le rôle central de l’artisanat, du design et de l’architecture dans l’art et la société ». Cette année, Malhoun 2.0 investit une ancienne pension de famille qui a vocation à se transformer dès 2024 en galerie d’art.

« La Promesse de l’empreinte », exposition collective, Malhoun 2.0, 175 rue Mohammed El Beqqal.

La féminité vue par Yasmina Alaoui au Comptoir des Mines

La plasticienne franco-marocaine donne la pleine mesure de sa pratique artistique. À travers des techniques aussi diverses que la photographie, la sculpture, le moulage ou l’assemblage, Alaoui explore le thème de la féminité et offre une plongée dans l’univers des croyances populaires et des rituels magiques qui entourent la fertilité des Marocaines. Mais cette nouvelle proposition est peut-être surtout un hymne au matriarcat dans les sociétés amazighs. L’artiste y célèbre les femmes rurales et leur quotidien marqué par la rudesse des conditions de vie (série Finger Casts) mais aussi ponctué de moments de grâce et de solidarité. Une vision de la femme puissante, en somme.

« Binatna / Entre-nous », Yasmina Alaoui  – Comptoir des Mines galerie, 62 Angle rue Yougoslavie et rue Liberté. Quartier Guéliz.

Pour en finir avec le néo-orientalisme à l’institut français

Il est rare qu’une exposition d’art contemporain s’appuie sur un manifeste. Telle est la bonne surprise que réserve «HORIEZONTALISME », présentée pendant la 1-54 sous l’égide du chorégraphe-plasticien Youness Atbane et du dramaturge Henri-Jules Julien. « HORIEZONTALISME » se veut « un effort d’analyse et de conscience des formes nouvelles que peut prendre un orientalisme contemporain ». Une dizaine d’artistes ont répondu à l’appel. Il est ainsi souvent question de fardeau à porter, comme dans la performance filmée de Youssef Ouchra, Tammara Tripalium, dans laquelle l’artiste semble traverser une Europe indifférente au sort de l’autre ; mais aussi d’enfermement et de stéréotypes à déconstruire, comme s’y emploient de façon subversive Mohamed El Baz ou Youness Atbane qui, avec sa performance Untitled 14 km, dézingue gaiement le petit monde de l’art contemporain ! Une exposition qui donne du grain à moudre.

« HORIEZONTALISME », exposition collective, Annexe Jamaa el-Fna de l’Institut Français, Rue Moulay Ismaïl. Place Jemaa el-Fna.

Le sacré dans tous ses états au Palais El Badii

Avec l’exposition « Le corps spirituel et l’esprit charnel », l’artiste-plasticienne Amina Benbouchta investit les méandres du Palais El Badii pour interroger les questions de sacré et de spiritualité. Qu’on ne s’y trompe pas : avec Benbouchta – anthropologue de formation –, le sacré n’est pas synonyme de religieux. Il s’incarne plutôt au quotidien dans des expériences sensibles et intelligibles qui convoquent tout autant notre façon d’habiter le monde que notre propre corps. Crinolines massives, toiles suspendues, installations d’aquarelles enveloppées dans des blocs de cristal, projections vidéo : toute une profusion de médiums permet d’invoquer l’esprit des lieux et, pour l’artiste, de déployer sans entraves son univers domestique doux-amer. Benbouchta convie également une dizaine d’artistes à explorer les mystères du sacré à travers des oeuvres inédites. Les robes sculpturales de Noureddine Amir entrent en résonance avec les crinolines à grande échelle de l’artiste. Une performance sonore de Saïd Aït El Moumen dialoguera avec une déambulation poétique proposée par Fatime Zahra Morjani, invitant le public à partir en quête de rituels ancestraux.

« Le corps spirituel et l’esprit charnel », Amina Benbouchta – Palais El Badii, Ksibat Nhass. Médina

Surprises à la galerie noir sur blanc

Trois pointures de la scène marocaine, Mahi Binebine, Hassan Bourkia et Mohamed El Baz, invitent de jeunes artistes à entrer en dialogue avec eux. La galerie noir sur blanc joue l’effet de surprise car les noms des jeunes pousses seront devoilés le jour du vernissage, le 9 février. Cela nous intrigue !

Des mémoires et des seuils, exposition collective – Galerie noir sur blanc, 48 rue de Yougoslavie, Adam Plaza.

Cap sur la peinture à Dar Moulay Ali

« Souvenirs enfouis » met en lumière la peinture de trois artistes : les Marocaines Rahma Lhoussig et Amina Azreg revisitent leur mémoire intime et celle de Casablanca tandis que l’artiste nigéro-britannique, Sophia Oshodin, rattache, quant à elle, sa peinture à l’univers du conte grâce auquel elle plonge dans le tréfonds de ses souvenirs.

« Souvenirs enfouis », Rahma Lhoussig, Amina Azreg et Sophia Oshodin – Dar Moulay Ali, 1 rue Ibn Khaldoun. À côté de la Koutoubia.

La délicatesse de Mouna Saboni à la Galerie 127

L’exposition « Souviens-toi des mots murmurés » est composée de trois séries – Traverser, Ceux que nos yeux cherchent et ceux avant encore, L’attente de la nuit – dans lesquelles la photographe, mêlant texte et image, aborde avec sensibilité et pudeur la question de la Palestine.

« Souviens-toi des mots murmurés », Mouna Saboni – Galerie 127, 127 avenue Mohammed-V. Guéliz.

Formes et couleurs à la Galerie 38

La Galerie 38 de Casablanca ouvre un nouvel espace à Marrakech ! Pour l’occasion, elle réunit l’ensemble de ses artistes autour du thème de la couleur. On peut y contempler les formes délicieusement suggestives de Mohammed Hamidi, les ondulations hypnotiques de Younes Khourassani ou encore les totems géométriques de Ghizlane Agzenaï.

THE FLAVOR OF COLORS, exposition collective – La Galerie 38, 64 rue Ibn Zyad. Quartier Guéliz.

Yvanovitch Mbaya à L’Blassa Art Space

L’artiste congolais continue, dans une peinture mélangeant encre de Chine et café, son exploration des états limites du corps humain, rendant hommage à ses lointains ancêtres.

GÂTA BANTU, Yvanovitch Mbaya – L’Blassa Art space, 38 rue Tariq Bnou Ziad. Quartier Guéliz.

La douce utopie d’ Éric Van Hove au Riad El Fenn

Une moto électrique 100 % made in Morocco ? Rien n’est impossible pour Éric Van Hove qui dévoile, le temps de la foire, son prototype Mahjouba IV sur le toit du riad. Ce modèle a été réalisé par des artisans marocains au sein de l’atelier Fenduq de l’artiste belge.

Mahjouba IV, Éric Van Hove – Riad El Fenn, 2 Derb Moulay Abdullah Ben Hezzian.

La jeune scène s’expose au Bab Hôtel

Emmenée par la galerie Abla Ababou de Rabat, « Cha’BAB » présente le travail de huit artistes de la scène contemporaine marocaine, parmi lesquels on a plaisir à retrouver la peinture souvent grinçante de Yasmine Hadni, les oeuvres de papier brûlé de Khadija Jayi ou les photographies de la série Lost in Morocco de Hakim Benchekroun.

Cha’BAB, exposition collective – Bab Hotel, angle boulevard Mansour Eddahibi et rue Mohammed el Beqal.

Dans le jardin de Rita Alaoui à la Galerie SINIYA28

Artiste du végétal, Rita Alaoui propose un ensemble de toiles sur le motif du jardin, ici transfiguré par un regard empli d’une douce mélancolie. Une installation inédite, Le Jardin de ma grand-mère, imaginée comme une réflexion intime sur les propriétés curatives des plantes médicinales, sera dévoilée.

Le jardin silencieux, Rita Alaoui- Galerie SINIYA, 8 rue Tarik Ibn Ziad, 1er étage app. 6. Quartier Guéliz.

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