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Sido Lansari restaure la fierté queer

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De ses premiers travaux de broderies, montrés jusqu’au 19 février dans l’exposition « Habibi » à l’Institut du monde arabe, à sa dernière série photo, l’artiste casablancais tente de tisser une histoire de la communauté queer marocaine.

Depuis une dizaine d’années, Sido Lansari fait partie des rares artistes marocains à explorer les identités queer. Les projets se suivent et se répondent, entre archives personnelles et publiques, éléments de culture pop et récits fictionnalisés. La fin de son premier court-métrage, Les derniers paradis, est d’ailleurs l’amorce de The street belongs to us, une série photo produite et exposée à l’été 2022 dans le cadre du festival Youmein à Tanger. Sido Lansari s’intéresse à la nouvelle génération queer, celle qui a grandi avec Internet et a été exposée très tôt au phénomène de représentation sur Netflix. S’il s’intéresse à cette génération, c’est pour questionner la façon dont se construisent ces jeunes gens qui n’ont pas forcément eu à connaître le même parcours d’émancipation que leurs aînés. Pourtant, leur rapport à la rue est le même : hostile. Elle reste un espace de menace, de danger et donc de dissimulation. Sido Lansari leur propose alors de poser dans l’intimité d’un studio improvisé en se permettant des tenues, accessoires ou attitudes qu’ils n’assumeraient pas dehors, de peur d’être agressés ou stigmatisés.

Sido Lansari, The street belongs to us, 2022. Courtesy de l’artiste

En résultent des portraits lascifs presque abstraits, au flou revendiqué, qui suggère avec sensualité mais protège l’identité. Le photographe implique ses modèles jusque dans le travail de post-production : « Instaurer cette complicité a permis de construire un récit ensemble et de leur donner une voix, de créer un espace de liberté ». Pour lui que « la rue terrorise » lorsqu’il est muni d’un appareil, apporter dans l’intimité du studio des objets de transgression est une façon de redonner le pouvoir à ses modèles. Les personnages de The street belongs to us finissent d’ailleurs par totalement assumer leur portrait, notamment sur les réseaux sociaux. Comme si d’un coup de déclencheur, la honte et la peur s’étaient estompées pour laisser place enfin à la fierté. Un travail que l’artiste, actuellement en post-diplôme de recherche aux Beaux-Arts de Lyon, entend poursuivre. Pour lui, continuer de construire et de raconter l’histoire défendue de la communauté queer marocaine est essentiel pour d’abord la faire exister, ensuite faire en sorte qu’elle ne soit pas oubliée.

Chama Tahiri

Sido Lansari, The street belongs to us, 2022. Courtesy de l’artiste
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