Second tome du roman graphique La Guerre des autres, Couvre-feu sur Beyrouth revient sur les souvenirs de jeunesse du scénariste Bernard Boulad, en pleine guerre civile libanaise.
Après Rumeurs sur Beyrouth, le second tome de La Guerre des autres revient sur les aventures de la famille Naggar, des Syriens ayant fui quelques années auparavant la ville d’Alexandrie en Égypte. Après le déclenchement de la guerre civile libanaise en avril 1975, les protagonistes semblent paradoxalement traverser une période d’accalmie, seulement perturbée par la présence du fils Alex au sud Liban en proie aux attaques israéliennes.
Les parents – Magda et Édouard, libraire de son état – se chamaillent toujours autant. La période de trêve voit les membres de la famille prendre leurs quartiers d’été : en Égypte pour la mère, aux Émirats pour le père ou au Mont-Liban pour Alex et ses amis. Mais les tensions continuent de traverser même les groupes d’amis. Pacifiste et un brin idéaliste, Alex constate, désabusé, qu’au Liban « tout le monde veut tuer tout le monde ». Le retour à la dure réalité de la guerre sera des plus terribles et contraindra la famille à l’exil.
Nourri de souvenirs personnels, ce roman graphique nous permet de vivre de l’intérieur un conflit exacerbé par les tensions communautaires. Les scènes de la vie quotidienne sont l’occasion d’accompagner les personnages devenus familiers au gré des péripéties. Au reproche qui a pu être adressé à ceux qui, en ces temps troubles, choisissaient l’exil, le scénariste répond dans un épilogue que « C’est la “patrie” et son incurie qui ont jeté ses citoyens dans la tourmente […] » et conclut qu’une « […] fois plantés, les germes de la guerre sont indéracinables pendant des générations. » À méditer.
La Guerre des autres, tome 2 : Couvre-feu sur Beyrouth, scénario Bernard Boulad, dessins Paul Bona & Gaël Henry, p.160, éditions La Boîte à Bulles, 280 dhs
Olivier Rachet