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C’est avec son œil de collectionneur averti qu’Othman Lazraq, fondateur du MACAAL à Marrakech, nous fait visiter la 7e édition de 1-54 Londres. Cette foire, il la connaît bien et nous livre ses coups de cœur en lien avec son projet de développer la collection du musée d’art contemporain africain qui entame sa troisième saison.

« La 1-54 Londres, j’y participe depuis le début parce qu’elle fait écho aux activités que nous menons au MACAAL et à la Fondation Alliances. C’est un peu pour moi l’index pointu de ce qui se fait de mieux en Afrique et ailleurs. Je ne viens pas nécessairement avec l’idée d’acquérir quoi que ce soit, mais plutôt avec  l’envie de me faire surprendre sans réellement connaître à l’avance les œuvres et artistes qui seront exposés. Mon œil de président de musée est différent de mon œil de collectionneur privé, du coup quand je découvre la foire j’ai ces deux prismes qui cohabitent dans mes décisions et acquisitions.

Othman Lazraq par Saad Alami

UNE FOIRE À TAILLE HUMAINE

Certaines galeries ont pris des risques dans leurs choix comme par exemple L’Atelier 21 avec le solo show de Chourouk Hriech qui était absolument magnifique. Certaines ont loupé leur coup, comme Mashrabia avec un accrochage d’Adel Siwi surchargé pour un artiste par ailleurs très intéressant. Il y a les stands virtuoses, comme l’accrochage muséal des œuvres de Shonibaré chez le new-yorkais James Coham. Idem chez le londonien Vigo qui a épaté le public avec un solo show d’Ibrahim El Salahi  digne d’un grand musée : avec beaucoup d’élégance, il a montré des dessins (certains agrandis sur toiles) réalisés à une période où l’artiste, en fauteuil roulant, dessinait dans les boîtes de médicaments. Et bien sûr, toujours dans la catégorie des stands réussis, le sud-africain Whatiftheworld revenait avec un très beau solo show de Mohau Modisakeng.

La 1-54, quand on y pense,  est une foire qui se visite dans un bâtiment historique où chaque galerie se déploie dans une pièce intime, où il y a un vrai respect des œuvres. C’est une foire à taille humaine qui arrive néanmoins à montrer des choses de très grande qualité avec des galeries et artistes du monde entier. Le public est assez unique. Des jeunes côtoient des professionnels de l’art, des curieux… On est dans une foire mainstream, qui draine plus de 18 000 personnes pendant trois jours. On pouvait croiser par exemple Jay Joplin, fondateur de la White cube, arpentant les couloirs de Somerset. D’édition en édition, je retrouve tous ces visages familiers parce que l’écosystème de l’art contemporain africain est une même grande famille.

Caitlin Cherry, Innervision, 2019, huile sur toile, 176.5 x 218.4 cm Courtesy de l'artiste et Luce Gallery

LE RYTHME DE L’AFRIQUE 

Je dois avouer que de toutes les foires que je visite, 1-54 a une énergie et une alchimie  très particulières. Dans cette ambiance bon enfant, on ressentirait presque la dynamique et le rythme de l’Afrique. Le cru 2019 est bon, je crois, et beaucoup de galeries ont fait des sold out comme la londonienne Tiwani Contemporary ou la Sud-Africaine Smith gallery avec son solo show de Michaela Younge. Des scènes de vie quotidienne avec des trucs décalés, comme un corps amputé d’une jambe dans un barbecue ! Sold out aussi semble-t-il chez l’Italien Luce, petit nouveau de la 1-54 avec ses œuvres de Caitlin Cherry.

Collage de Larry Amponsah (détail)

Côté achat, on arrive à trouver de belles œuvres à des prix encore très abordables, même si certains artistes sont déjà intouchables comme Yinka Shonibaré, Derrick Adams (autour de 50 000 euros), Ibrahim El Salahi ou encore Ouattara Watts. Mes coups de cœurs vont à la galerie 50 Golborne  pour ses choix de collages et peintures de l’artiste Larry Amponsah. Chez Tiwani contemporary, même si en général ce n’est pas ce que je préfère, j’ai  été séduit par les intéressantes compositions abstraites de l’artiste Michaela Yearwood-Dan. Chez Salma Feriani, j’ai repéré les dessins de Nidhal Chamekh. J’ai aussi découvert l’artiste égyptien Fathi Hassan, très moderne, sur le stand de Lawrie Shabibi. Enfin, chez la Parisienne toujours très pointue Anne de Villepoix, mon œil s’est attardé sur l’artiste Noel Anderson ».

Propos recueillis par Meryem Sebti

Azikiwe Mohammed, Lord Calvert Hotel, 2019, acrylique sur panneau, 35,6x83,8 cm Courtesy de l'artiste et Mindy Solomon Gallery
Ermias Kifleyesus, Setting, 2019, huile sur toile, 144x200 cm Courtesy de l'artiste et Addis Fine Art
Larry Amponsah, Led in strange ways, 2019 Courtesy de l'artiste et 50 Golborne
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