DÉVELOPPER LE MARCHÉ AFRICAIN
Pour cette édition 2020, Touria El Glaoui redistribue les cartes. Jusque-là qualifiée de foire (un peu) trop calibrée par et pour les Européens, la 1-54 Mar- rakech rafraîchit sa sélection avec 10 nouvelles galeries, dont la plupart afri- caines. Sur 20 galeries participantes, 14 sont basées sur le continent, inver- sant le ratio de départ (6 galeries sur 17 en 2018). Touria El Glaoui réussit notamment à convaincre 4 enseignes sud-africaines (Afronova Gallery, Eclectica Contemporary, Goodman Gallery et WHATIFTHEWORLD) alors que les dates de 1-54 Marrakech sont concurrencées par celles de Cape Town Art fair, une semaine avant. L’année dernière, Goodman Gallery était venue en éclaireur et en militant. Leur sélection d’artistes visait à « déconstruire le fossé culturel perçu (entre nord et sud du continent, ndlr) enraciné depuis le colonialisme », indique sa directrice Liza Essers, qui se félicite d’avoir pu se « connecter davantage avec le monde de l’art basé sur le continent, pour encoura-ger le développement d’un marché basé en Afrique ». Participer à 1-54 Marrakech revient à une forme de profession de foi pour les acteurs du marché africain. Afronova Gallery, souvent présente à Londres et New York, apprécie que 1-54 fasse « émerger un discours autour de l’art contemporain africain », porté par sa programmation parallèle et son Forum.
Autre incursion d’importance, deux galeries égyptiennes viennent renforcer la présence de l’Afrique du Nord (Mashrabia Gallery of Contemporary Art et Ubuntu Art Ggallery), jusque-là uniquement représentée par le Maroc, qui pour sa part étoffe sa présence. Avec 5 enseignes dont plusieurs nouvelles venues, comme So Art Gallery et GVCC (Casablanca), les marocaines trustent un quart des stands. Certaines d’entre elles, basées à Marrakech, misent sur la foire en plus de leur programmation pour tenter de séduire doublement collectionneurs et institutions : « Si les institutions françaises et américaines achètent les œuvres des artistes que je représente, ce n’est pas (encore !) le cas des institutions du continent, voire du Maroc », explique la directrice de la galerie 127 Nathalie Locatelli, une habituée des foires internationales.