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5 expos à voir pendant Art Paris

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Art Paris, ce n’est pas seulement le Grand Palais Ephémère… mais c’est aussi toute une nébuleuse d’expositions qui ont lieu en marge de la grande foire, depuis le dédale du Marais jusqu’aux très chics rues du huitième arrondissement. Sélection.

American People Series #18: The Flag Is Bleeding 1967, Huile sur toile 182,9 x 243,8 cm National Gallery of Art, Washington, Patrons’ Permanent Fund and Gift of Glenstone Foundation (2021.28.1). © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022

#1 Faith Ringgold redonne aux Afro-américains leur place dans l’histoire 

Immersion dans l’Amérique des Civil Rights au musée Picasso, en visitant la rétrospective consacrée à Faith Ringgold. L’exposition retrace la carrière de l’artiste, indissociable de son parcours d’activiste dans la lutte féministe et anti-raciste aux Etats-Unis.

Sa propre version de Guernica vaut le détour : un tableau spectaculaire dans lequel l’artiste montre, sans filtre, la violence des luttes interraciales qui déchirent son pays dans les années 1960. La peintre se fait aussi conteuse. À travers ses magnifiques patchworks brodés de textes, Ringgold nous plonge dans l’histoire de Willia Marie Simone, jeune Noire Américaine à Paris qui fréquenta Picasso, Hemingway, etc. “Je voulais montrer qu’il y avait des Noirs quand Picasso, Monet, et Matisse faisaient de l’art. Je voulais montrer que l’art africain et les Noirs avaient leur place dans cette histoire”. Pari réussi. M.Y.

Faith Ringgold, « Black is beautiful », Musée Picasso Paris, jusqu’au 31 juillet 2023.
I am the one who shines, the one who is above the district of the sky. I go forth to the sky. I climb upon the sun’s rays. O, I am weary, I am weary, (yet) I proceed.' [Extract from Chapter 74 : Spell for going forth from the earth/ An Ancient Egyptian B, 2023, Sérigraphie sur lin teint à l'indigo, applications sérigraphiques, broderie, couture à la main, 247 x 315 cm Séries: The Myths of Eternal Life, Chapter III. Copyright de l'artiste

#2 Zohra Opoku chez Mariane Ibrahim 

Mariane Ibrahim consacre actuellement un solo show à Zohra Opoku. L’artiste germano-ghanéenne y présente une série d’œuvres inspirées du Livre des Morts de la mythologie égyptienne, et dont un premier ensemble a été exposé à Chicago, l’an dernier. «I have arisen… Part 2 », ce sont donc des compositions évanescentes, où les sérigraphies sont apposées sur du tissu teint dans des tons indigo. Les motifs récurrents des mains guérisseuses, des bustes, des hiéroglyphes et de Ba – divinité à tête d’oiseau – nous emportent dans un monde onirique. On entre aussi dans l’intimité de l’artiste qui symbolise, avec beaucoup de pudeur, sa rémission d’un cancer par des nuées de pépites d’or disséminées dans ses tableaux et sur les murs de la galerie.

Si vous aimez les spiritualités anciennes, nous vous conseillons aussi de faire un petit tour à Lafayette Anticipations pour visiter Au-delà, rituels pour un nouveau monde. M.Y.

Zohra Opoku, « I Have Arisen…Part 2 », Galerie Mariane Ibrahim, Paris, jusqu’au 3 Juin 2023.
Carl-Edouard Keïta Self-portrait as Siki , 2023, Acrylique et crayon sur toile, 147 x 107 cm. Courtesy de l'artiste et de la galerie Cécile Fakhoury.

#3 Carl-Edouard Keïta chez Cécile Fakhoury

Plutôt que d’imaginer un au-delà, Carl-Edouard Keïta propose, chez Cecile Fakhoury, de montrer l’envers du décor. Son solo show « Glass Ceiling » est une réflexion sur le plafond de verre auquel se sont heurtés nombre d’Africains et d’afro-descendants. Pour l’artiste ivoirien, le plafond de verre n’est pas transparent mais noir de jais, opaque. De ce noir profond, les personnages tentent de surgir mais ce ne sont que des lignes géométriques qui apparaissent sur les toiles, dans une esthétique qui emprunte au cubisme, au constructivisme, aux arts premiers africains et même au Jazz. On passe ainsi de longues minutes à déchiffrer les images, découvrant l’écuyère noire Selika Lazevski, le boxeur sénégalais Battling Siki, une compagnie de danseuses ou encore un anonyme sur une plage…M.Y.

Carl-Edouard Keïta, « Glass Ceiling », Galerie Cécile Fakhoury, Paris, jusqu’au 29 avril 2023.
Qiniso, The Sails, Durban, 2019. Courtesy of the Artist and Stevenson, Cape Town/Johannesburg and Yancey Richardson, New York © Zanele Muholi

#4 Zanele Muholi à la MEP

C’est la première fois qu’un musée français consacre une exposition d’ampleur à Zanele Muholi. « Activiste visuel.le », comme iel* se définit, l’artiste milite pour les droits des personnes LGBTQI+ noires en Afrique du Sud depuis les années 1990, aussi bien à travers l’art que dans la vie quotidienne. Au fur et à mesure des séries de photographies et d’archives disposées le long du parcours, sourdent des voix, vibrent des corps et nous défient des regards en lutte, fiers, vainqueurs, malgré les crimes de haine, les injustices et les tentatives de soumission. Avec justesse et délicatesse, iel entoure de bienveillance les êtres rompus et fatigués, transforme les cicatrices en couronnes de guerre, les corps habitués à se cacher en Brave Beauties et guide les regards vers ce qui doit être vu, lu, remémoré, même après la perte ou la disparition. Mais à l’horreur et la désolation, Zanele Muholi a toujours préféré la force et la détermination. Nulle victime entre ces murs donc, mais des icônes, égéries, héros et héroïnes de tous bords, entourées de toute la douceur à laquelle l’artiste entend bien les faire accéder par-delà les cadres de ses puissantes photographies.H.M.

Zanele Muholi, Maison européenne de la photographie, Paris, jusqu’au 21 mai 2023.
* Zanele Muholi, en tant que non-binaire, souhaite être présenté·e par l’emploi des pronoms neutres iel (sujet) et ellui (complément).
Vue de l'exposition "Je remonte la trace de mes pas" de Nasreddine Bennacer à la galerie Afikaris (Paris).

#5 Nasreddine Bennacer chez Afikaris 

Les toiles monochromes de Nasreddine Bennacer provoquent un bouleversement immédiat. Actuellement exposées à la galerie Afikaris, elles créent un dialogue saisissant autour de l’exode en tant qu’itinéraire individuel et collectif. Ayant lui-même quitté son Algérie natale pendant les années 90, la question de l’exil accompagne l’artiste algérien dans sa manière d’appréhender le monde. Révolté par le caractère sensationnaliste des images des traversées de migrants dans les médias et la façon dont elles banalisent les destins individuels, Bennacer retrace des histoires singulières à travers une vision désenivrée. En reprenant les extraits d’une lettre d’un migrant syrien s’étant noyé en Méditerranée, il crée un récit en ébullition qu’il intitule Je respire sous l’eau (2018-2020). Cette série de papiers Japon – médium de prédilection de l’artiste – fait resurgir « des bulles d’air fragiles, contenant un dernier cri d’aide ». Attisant l’œil par leur tréfond magnétisant, les oeuvres de Bennacer frappent par le contraste entre la sensibilité du trait et la virulence du message. H.H.

Nasreddine Bennacer, « Je remonte la trace de mes pas », Afikaris, Paris, jusqu’au 15 avril 2023.

Malak Yacoubi, Horya Makhlouf, Hannah Hartz

Visuel en Une : vue de l’exposition de Zohra Opoku, Mariane Ibrahim.
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