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6 expos à voir pendant 1-54 Marrakech

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Pendant la foire 1-54, c’est tout Marrakech qui se met au diapason. Difficile de choisir parmi les nombreux évènements qui s’y déroulent. Diptyk vous propose sa sélection.

Mustapha Azeroual, ACTIN#2, 2020, photogramme à la gomme bichromate polychrome, 44 x 28 cm Courtesy de l’artiste et 47, Galerie Dar El Bacha

Mustapha Azeroual à la galerie Dar El Bacha

La dernière exposition de Mustapha Azeroual présente des œuvres issues de deux nouvelles séries entièrement réalisées dans son atelier-laboratoire: Monade et Actin. Ne vous attendez pas à découvrir de nouveaux tirages de Mustapha Azeroual, mais bien plutôt des photogrammes réalisés sans pellicule, à partir de protocoles chimiques extrêmement élaborés ! Après avoir arpenté les montagnes du Haut-Atlas marocain et scruté les aurores boréales dans les séries Ellios et Radiance, l’artiste franco-marocain renoue avec sa quête originelle : sonder l’énigme de la lumière, dont il rappelle souvent qu’elle ne peut se voir. À l’aide de rayons ultraviolets ou de flashs lumineux de très forte intensité, il cherche à imprimer sur des tirages à la gomme bichromatée les différentes manifestations invisibles à l’œil nu de la lumière. Autant d’apparitions qui varient au gré des interventions démiurgiques de l’artiste, qui retrouve le goût de l’expérimentation qui présida à la naissance de la photographie. Comme en peinture, des pigments, souvent fluorescents, sont plongés dans une émulsion photosensible afin qu’apparaissent ici des formes géométriques polychromatiques frôlant l’abstraction, là des halos lumineux d’une beauté sidérante. Assiste-t-on à la naissance du monde ou à sa disparition ? Question insoluble que l’exposition « Monade(s) » présentée par la 47, Galerie Dar El Bacha permettra peut-être de résoudre.

Mustapha Azeroual, «Monade(s)», 47, Galerie Dar El Bacha, Marrakech, du 20 février au 20 mars 2020.

Le tamis était transformé en objet de vision simultanée du passé et du présent à l’occasion de la première édition du Festival international d’art indigène à Tétouan en 2018.

Au 18, ce que le contemporain doit au patrimoine

L’exposition « À l’épreuve du tamis » interroge les liens entre la scène contemporaine émergente et des traditions multiséculaires. Une expérience de recherche menée tambour battant par ce qui constituera peut-être une nou- velle École de Marrakech? Cinquante ans après l’exposition manifeste de la place Jamaâ El Fna, en toute modestie, Fatima-Zahra Lakrissa entend proposer un véritable rendez-vous de recherche autour des liens qu’entretient la scène contemporaine avec la tradition. Rien d’étonnant à ce que la commissaire d’exposition ait fait appel tout d’abord à M’barek Bouhchichi et Mohamed Arejdal, dont le rapport au patrimoine matériel et immatériel innerve tout le travail. Des travaux préparatoires et carnets inédits de ces artistes-phares viendront compléter des archives du festival Caravane Tighmert. Les autres artistes conviés pour l’occasion – de Khadija El Abyad à Nassim Azarzar en passant par Ihsane Boudrig – revisitent notamment les motifs du haïk traditionnel ou du calendrier lunaire, à travers une dialectique de dépossession-réappropriation des plus inspirantes.

«À l’épreuve du tamis», Le 18, Marrakech, du 20 février au 30 avril 2020.

Fatiha Zemmouri, Landscape I, 2020, terre, 200 x 250 cm Courtesy de l’artiste et CM Gallery

Fatiha Zemmouri au Hangar du Comptoir des Mines

« Intra-muros », la nouvelle exposition de Fatiha Zemmouri, invite à réfléchir aux questions souvent douloureuses des frontières et des lignes invisibles séparant aussi bien les individus que les territoires. Dans le Hangar du Comptoir des Mines, Fatiha Zemmouri continue à façonner les matériaux qui sous-tendent tout son travail, de la tôle à la terre, en passant par le béton ou le polystyrène. Mais elle élargit son approche en s’intéressant aux questions de frontière et de territorialité, de l’échelle du douar à celle de la planète. « Dans ce nouveau projet, commente l’artiste, je plagie la nature et la contre-nature. » Tout d’abord, en travaillant la terre de la région de Tahanaout, où elle a élu domicile. Puis en s’interrogeant sur la multiplication exponentielle des murs à travers le monde, depuis la chute du Mur de Berlin en 1989. Ce travail, inauguré avec la Galerie Katharina Maria Raab à la dernière édition de la Berlin Art Week, donne à voir des cartes de tôle froissée renvoyant à l’aberration du tracé des frontières sur le continent africain, décidé lors de la Conférence de Berlin de 1885.

Fatiha Zemmouri, «Intra-muros», Hangar du Comptoir des Mines, Marrakech, du 21 février au 19 avril 2020.
Deborah Benzaquen, série La Désenchantée, 2010 © Deborah Benzaquen

A Dar Moulay Ali, un doux esprit de résistance

En conviant quatre femmes à investir les espaces de Dar Moulay Ali, la 47 Galerie Dar El Bacha prend un risque certain, tant il est devenu audacieux de réunir des artistes en fonction de leur genre. Curatée par l’historienne de l’art et docteure en philosophie Élisa Ganivet, l’exposition « Soulèvements d’Alter Ego » réunit la plasticienne Amina Benbouchta, la photographe Deborah Benzaquen, la tisseuse Soumiya Jalal et la sculptrice Seloua Ejjennane, dans une même volonté montrer combien le combat féministe reste inséparable de savoir-faire ancestraux. Un pari certain qui verra la photographe revisiter dans une installation très attendue sa célèbre série La Désenchantée et Amina Benbouchta nous convier à un banquet sanglant !

«Soulèvements d’Alter Ego», Dar Moulay Ali – Maison de la France, Marrakech, du 2 février au 30 mars 2020.
Mohamed Bourouissa, Horse Day, 2014, vidéo Courtesy de l’artiste

A l’espace d’expo DaDa, boire un thé avec Mohamed Bourouissa

« C’est comme boire un thé sur un toit avec des extra-terrestres en regardant le monde des impossibles multiples », annonce le commissaire Mohamed Bourouissa pour présenter l’exposition collective « Hamdoulah ça va ! ». Aimant bousculer les codes et explorer les marges, l’enfant terrible de l’art contemporain a convié quatre jeunes artistes, attentifs eux aussi aux questions d’identités multiples et de territoires qui se chevauchent. À l’image de la vidéo Horse Day, que Bourouissa a réalisée en 2015 à Philadelphie avec des cavaliers afro-américains, point de départ de cette exposition qui donnera à voir des sculptures hybrides de l’artiste franco-haïtienne Gaëlle Choisne, des vidéos décapantes de Rayane Mcirdi et Sara Sadik ainsi que des toiles de Neïla Czemak Ichti.

«Hamdoulah ça va!», Espace d’exposition DaDa, Marrakech, du 19 février au 1er mars 2020. Riad El Fenn, Marrakech, à partir du 19 février 2020.
Hicham Benohoud, Sans titre, série Landscaping, 2018, photographie argentique tirage C-print, 60 x 90 cm © Hicham Benohoud. Courtesy de l’artiste et Loft Art Gallery

Au Riad El Fenn, l’art du contrepoint avec Hicham Benohoud et Amina Agueznay

En art, tout est souvent affaire de construction ou de composition musicale. Ainsi en va-t-il pour la série photo de Hicham Benohoud, Landscaping, où des sculptures in situ viennent s’inscrire au cœur de paysages désertiques comme autant de pièces d’un jeu dont on ignore les règles. Ainsi en va-t-il aussi pour la série Constructions d’Amina Agueznay, constituée d’installations conçues avec des maîtres artisanes expertes en filature. Deux univers ancrés chacun dans la tradition – qu’il s’agisse de paysages immémoriaux ou d’une pratique ancestrale qui ne cesse de se renouveler – entament un échange contrapuntique dans le riad El Fenn de Marrakech, qui accueille la Loft Art Gallery.

 

Hicham Benohoud et Amina Agueznay, «Moroccan Landscapes»,Riad El Fenn, Marrakech, à partir du 19 février 2020.
Mais aussi IN-DISCIPLINE à l’espace d’art de la Fondation Montresso, l’expo « Have you seen a Horizon lately? » Musée d’art contemporain africain Al Maaden (Macaal), à découvrir dans le numéro 52 de diptyk. 
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