À Rabat, Rancinan rejoue l’histoire de l’art

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Le photographe français déploie ses gammes au Musée Mohammed VI mettant en scène une profusion de personnages baroques avec un sens de la composition d’une précision quasi clinique. Un bel hommage à l’histoire de la peinture classique.

« En tant que photographe, j’ai vu des gens mourir de faim, j’ai rencontré des personnages incroyables qui étaient des papes, des présidents. Des rois… Des nains… Des humiliés… Des trop gras, des trop riches… J’ai presque tout vu en cinquante ans de métier ! »  Les quarante monumentales photographies de Gérard Rancinan, actuellement au sous-sol du MMVI, respirent cette profusion de personnages qu’il met en scène avec un sens de la composition d’une précision quasi clinique. C’est après être allé faire un reportage sur les migrants à Sangatte, en France, que lui est venue l’idée du Radeau des Illusions. Rafiot où « des gens s’embarquent au péril de leur vie pour des espoirs et des désespoirs ».

Radeau des Illusions Série Métamorphoses Photographie de Gérard RANCINAN 217 x 320 cm 85,43 x 125,98 inch © Gérard Rancinan

Depuis maintenant 20 ans, Gérard Rancinan partage son univers avec Caroline Gaudriault, dont les textes lui fournissent l’inspiration nécessaire. De cette dynamique résulte aujourd’hui un triptyque, De Rage et de Désir, qui encapsule plusieurs de leurs projets communs. Les deux acolytes s’amusent à puiser pêle-mêle dans l’imaginaire classique ainsi que dans la culture de masse américaine. Ils réinterprètent notre évolution stade par stade en la floquant de masques de Mickey Mouse au passage. Pour Caroline Gaudriault, « l’histoire n’a pas forcément de sens, de morale… elle ne nous sert pas à voir les choses, mais à les prévoir ».

Shams Parker

« De Rage et de Désir, Le coeur battant des hommes », Gérard Rancinan et Caroline Gaudriault, Musée Mohammed VI, Rabat, jusqu’au 8 mars 2022.