AU MATHAF: MONA HATOUM

Mona Hatoum, Over my dead body, 1988-2002 © Courtesy Galerie Max Hetzler, Berlin

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Zone de turbulences au Mathaf  

 

 

Après le controversé Adel Abdessemed, c’est désormais au tour de la grande dame de l’art contemporain Mona Hatoum, artiste d’origine palestinienne ayant grandi à Beirut,d’investir le plus grand musée d’art contemporain du monde arabe.

 

Par Bérénice Saliou

 

Soulignant de plus de trente ans de création, « Turbulence » se veut la plus grande exposition personnelle de Mona Hatoum jamais organisée dans le monde arabe. Montée par le duo Sam Baradaouil et Till Fellrath – fondateurs de la plateforme Art Reoriented à qui l’on doit « A tea with Nefertiti » et le pavillon libanais de la 55Biennale de Venise – cette quasi rétrospective réunit plus de soixante-dix œuvres conjuguant installations monumentales, œuvres sculpturales et cinétiques, photographies et archives relatives aux premières performances de l’artiste. Abdellah Karroum, directeur du Mathaf, explique : « Mona Hatoum est l’une des artistes les plus influentes de sa génération. Peu d’artistes vivants ont développé une conscience et un vocabulaire engagé qui inspirent de nouvelles générations d’artistes, d’historiens de l’art mais aussi le public. Mona Hatoum est l’une d’entre eux. Avec cette exposition, le Mathaf reconnaît la centralité de son œuvre dans l’histoire de l’art du xxe et du xxie siècles. »

 

Se débattre avec la matière

L’exposition se développe autour de l’œuvre éponyme Turbulence (2012) placée au centre de l’espace d’exposition. Constituée de milliers de billes de verre transparentes dessinant au sol un carré parfait, l’installation procure une troublante impression de fourmillement organique qui contraste avec la grande maîtrise géométrique de l’ensemble. Le choix des matériaux est primordial pour Hatoum, qui affectionne particulièrement le verre. On le retrouve dans nombre de ses œuvres telles que Web (2006) ou Cellules (2012). Afin d’obtenir des résultats précis de formes et de couleurs, Mona Hatoum collabore régulièrement avec des entreprises spécialisées ou des lieux de résidence, comme le Centre International des Arts Verriers (CIRVA) à Marseille.

Autre matériau de prédilection de l’artiste, le métal se décline sous la forme de plusieurs installations grand format. Hot Spot (2013) est une mappemonde géante équivalente à la taille d’un individu moyen, inclinée selon le même angle que la Terre. Les frontières des continents sont délimitées par des néons rouges incandescents, semblant indiquer un danger imminent et globalisé à l’échelle de toute la planète. Suspended (2011) est un parc de balançoires accrochées au plafond où, sur les sièges noir et rouge, est incisée la carte d’une capitale sélectionnée au hasard. Le cliquetis des chaînes souligne l’instabilité d’une occupation a priori ludique. Enfin, on ne se lasse pas de (re)découvrir les œuvres Paravent (2008) et La grande broyeuse (Mouli-Julienne x 17) (1999), agrandissements monumentaux d’ustensiles de cuisine devenus de redoutables objets cauchemardesques.

 

 

(…) Retrouvez l'intégralité de cet article dans DIPTYK#22, actuellement en kiosque

 

 

Mona Hatoum, « Turbulence »

Mathaf, Doha

jusqu’au 18 mai 2014