CMOOA : Une vente sous haute surveillance

Houda Kabbaj, Sans titre, série Murmures au pan, 2015, 150 x 100 cm © Houda Kabbaj - estimation 35 000 - 40 000 DH

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La CMOOA renoue avec sa vocation de leader du marché en proposant hors de ses murs, à Marrakech, une vente curatée dédiée à la scène contemporaine marocaine.
 

Ils seront tous là ou presque. Akrim, Arejdal, Afifi, Baba Ali, Zineb Andres Arraki, Fatmi, Ouchra, Hajjaj… la liste des artistes représentés à la vente que propose la CMOOA fin avril coïncide presque, à trois ou quatre exceptions près, avec l’annuaire de la scène contemporaine marocaine. Près de 120 lots composent ce catalogue exclusivement contemporain qui couvre la création marocaine de ces vingt dernières années. La vacation, qui aura lieu au Palace Essaadi à Marrakech, grand mécène de l’art qui a abrité les deux éditions de la Marrakech Art Fair en 2010 et 2011, promet de faire du bruit. Le microcosme de l’art contemporain marocain, galeries, artistes, collectionneurs, attendront de cette vente qu’elle donne un diagnostic clair de l’état de ce marché encore trop timide dans notre pays.  « C’est la première fois dans l’histoire de notre maison de vente que je propose de ne présenter que des œuvres apparues au-delà des années 90. Si l’on vend la moitié des lots ou que le total des ventes dépasse 50% de l’ensemble des estimations médianes, alors on tient un marché ! », assure Hicham Daoudi, directeur de la CMOOA. 
 

L’enjeu n’est pas financier pour la maison casablancaise, puisque cette vente n’est pas commune et que rien jusque-là ne garantit de couvrir les frais qu’elle occasionnera. Il est davantage d’ordre stratégique. En effet, le défi est de construire un marché autour d’une génération. En 2016, à un moment où la création contemporaine marocaine est reconnue partout sauf à l’intérieur de nos frontières, alimentant les expositions internationales, les prix et les musées, ce type de vente peut faire avancer une machine un peu grippée. « Les artistes que je présente dans cette vacation forment une génération en or, comme le fut en son temps celle des années 60 et 70 », affirme Hicham Daoudi.


Le talent… du client


La vente compte sur l’effet « générationnel ». Isolés, ces artistes ont tous du talent mais peinent à avoir un marché. Peut-être que, réunis dans un catalogue qui fera date, sous la plume de Abdellatif Laâbi qui en son temps signa des textes fondateurs dans la revue Souffles, on comprendra en quoi ils forment une génération puissante, avec des aspirations, des pratiques et un langage communs.
 

Grande inconnue de ce type de pari, la clientèle devra avoir autant de talent que les artistes mis à l’encan. « La clientèle de la CMOOA s’est toujours montrée évolutive », signale Hicham Daoudi qui espère, à un mois de la vente, que les collectionneurs répondront enfin à l’engouement international pour le marché contemporain. Pour cela, le catalogue propose quelques stars comme Daoud Aoulad Syad, Hassan Hajjaj, Mounir Fatmi ou Yto Barrada, dont les lecteurs de Diptyk savent que si elle remporte cet automne le prix Marcel-Duchamp pour lequel elle est shortlistée, sa cote grimpera encore. À moindre coût, ceux qui veulent tenter le grand saut ou tout simplement faire partie d’un mouvement générationnel pourront aussi acquérir des œuvres, dessins, photos ou installations, qui, à leur manière, participent d’un nouvel ordre artistique. 

 

CMOOA, Palace Essaadi, Marrakech 

Vente le 30 avril 

 

Exposition les 28 et 29 avril

Toutes les photos : courtesy CMOOA

 

Meryem Sebti

Zineddine Bessaï, Khatar, courtesy du pavillon algérien
Fayssal Zaoui - in motion sans titre 4a - 2013
Hassan Hajjaj, Pepsi Rider, 2006-1427, tirage sur papier métallique lambda sur dibond, bois peint en vert et legos, 62 x 87 cm avec cadre Courtesy de l’artiste et L’Atelier 21
Said Baalbaki, Heap, 2013, Oil on Board, 54 x 48 cm, Courtesy Agial Art Gallery
Abdelaziz Zerrou, Love revolution, 2012, plexiglas, led, aluminium, 250 x 43,7 cm © Amy Croft - estimation 150 000 - 170 000 DH