Mounir Fatmi « Je vis un exil permanent »

Mounir Fatmi, Pavillon de l’exil, 2017 © Studio Fatmi

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Après quatre ans d’absence, l’artiste est de retour au Maroc avec un concept itinérant: le «Pavillon de l’exil». Un cheminement autant géographique qu’intérieur…

 

Tanger est votre ville natale, autant vitrine du développement du pays que porte d’entrée vers l’Europe pour les migrants. Est-ce symbolique d’y montrer ce travail ?

Tanger est une ville d’exilés de toute sorte. Ceux qui y viennent chercher un passé révolu, une certaine nostalgie que les guides touristiques leur vendent. D’autres y viennent pour affronter la mer, la traverser et rejoindre l’autre côté. Il y a aussi les exilés de l’intérieur, ceux qui y vivent et qui ne l’ont jamais quitté. Mon père, par exemple, n’est jamais allé dans un autre pays. Il me disait souvent que Tanger était la plus belle ville du monde, sans avoir jamais visité les autres villes du monde pour pouvoir comparer. Puis finalement, les fous. Il y a beaucoup de fous dans cette ville. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis fasciné par les fous. La question de la folie comme un exil intérieur est quelque chose que j’aimerais bien développer lors d’une prochaine escale du Pavillon de l’exil.

 

Votre dernière exposition au Maroc, « La Ligne Droite » à Casablanca en 2013, était une exposition très autobiographique. Les œuvres que vous présentez à Tanger sont marquées par le déplacement. Vous sentez-vous un artiste « exilé » ? 

L’exposition « La Ligne Droite » n’était pas juste une exposition autobiographique. Il y avait aussi d’autres niveaux de lecture, comme la question de la nature de l’homme face à la Nature qui nous entoure. Bien sûr, tout cela gravite autour des réflexions de l’anthropologue français Claude Lévi-Strauss, dont le travail me poursuit encore jusque dans le projet du Pavillon de l’exil. Mais pour revenir à votre question, oui, je suis un artiste exilé. Je vis un exil permanent.  […]

 

Mounir Fatmi, «Le Pavillon de l’exil», Galerie Delacroix, Tanger, jusqu’au 15 octobre 2017.

 

Retrouvez l’interview dans son intégralité dans le numéro 40 de Diptyk.

Uche Okpa-Iroha, série The Plantation Boy (2012)